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Du rôle de la presse locale (encore...)

26 Avril 2014 , Rédigé par Christian Eckert

L’entreprise Kaiser de Longuyon (54) fait vivre plus de 100 familles du Pays Haut, grâce au travail de ses salariés, en fabricant depuis longtemps des remorques de camion.

C’est cela le principal.

Ses salariés sont dans l’incertitude de leur avenir professionnel que tout le monde doit chercher à leur conserver.

Député pendant plus de 6 ans, mon équipe parlementaire et moi avons suivi le parcours de l’entreprise avec attention.

Était-ce notre rôle ? Oui et non : La Constitution charge les députés de voter la loi au nom des Français et de contrôler l’action du Gouvernement. Rien de plus. Les électeurs les considèrent souvent comme un appui pour eux-mêmes et pour leur territoire. Et c’est rentré dans les mœurs, même si ce n’est théoriquement pas la fonction du Parlementaire. Et après tout pourquoi pas… C’est la raison pour laquelle j’ai arpenté le territoire, rencontré les élus, les associations, les entreprises… De quoi aussi se faire une idée de l’utilité de voter ou d’amender certains textes de loi. De quoi porter bien des demandes d’appui à des projets locaux…

Quand j’ai, il y a environ 5 ans, été en contact avec l'entreprise Kaiser, elle allait très mal… Elle était au bord du gouffre… Il serai long de retracer toutes les péripéties en détail. Pour résumer : Perceva, fonds financier français, a racheté GBI (le groupe auquel appartient Kaiser), a restructuré l’ensemble dans la douleur (fermeture de Traylor, plan social dans toutes les unités…) et fait le maximum pour redresser la situation. Mon équipe et moi avons de nombreux contacts avec Perceva, qui trouve d’ailleurs en grande partie ses fonds auprès de la Banque Publique d’Investissement. Nous avons aussi régulièrement des échanges avec des représentants des salariés. Les administrations de l’Etat connaissent l’importance de ce dossier, et nous les sollicitons régulièrement.

Kaiser a aujourd’hui des perspectives intéressantes, grâce aux qualités de ses salariés et à la persévérance de ses actionnaires : Des commandes nombreuses venant de donneurs d’ordre solides ont été engrangées. Elles nécessitent des fonds pour payer des fournisseurs, de mettre en marche des équipes de bureau d’étude… L’entreprise peine à trouver l’argent nécessaire, ses comptes étant encore grevées par le poids du passé… Nous en sommes là, et travaillons avec tous les moyens disponibles (banques, aides régionales, crédits d’impôts, outils fiscaux…) pour permettre cette nouvelle phase où l’entreprise pourrait rebondir. Sans être exagérément optimiste, l’horizon pourrait se dégager pour les salariés de l’entreprise Kaiser

Le Républicain Lorrain de ce jeudi évoque la situation de Kaiser, relatant la rencontre du nouveau Maire de Longuyon avec les salariés. Le Maire s’inquiète légitimement avec les salariés de l’avenir de la plus grosse entreprise de la commune… Quoi de plus normal, chacun fait… son boulot : les salariés, le maire, la presse… Le journal relate les propos du Maire qui promet de faire remonter ses observations auprès de moi.

Il se trouve qu’au moment où parait cet article, Francis Herbays et moi recevons dans mon bureau l’actionnaire Perceva. Nous faisons le point de nos démarches parallèles pour trouver les fonds nécessaires au développement du site. Rien de plus ne peut être écrit ici. Le Maire de Longuyon, que nous connaissons bien, est informé par Francis Herbays des démarches en cours.

Pour rassurer, convaincre et mobiliser les salariés, les clients, les banques, les créanciers, il est décidé de faire un communiqué de presse, confirmant notre vigilance, notre soutien et la volonté de l’actionnaire de soutenir le projet.

Ce communiqué est envoyé au Républicain Lorrain.

En voici le contenu intégral :

Christian ECKERT suit avec beaucoup d’attention la situation des entreprises locales et notamment celle de KAISER, implantée à Longuyon.

Depuis plusieurs mois, des contacts ont été établis avec l’organisation syndicale du site, les dirigeants et actionnaires du groupe, les partenaires institutionnels, les élus locaux, le commissariat au redressement productif et la BPI.

Christian ECKERT a rencontré les actionnaires français du groupe et confirme leur volonté de soutenir l’entreprise

Le carnet de commande permet de maintenir l’emploi local, voire de le développer.

Christian ECKERT, en lien avec Jean Marc FOURNEL, nouveau député de la circonscription, restera attentif au devenir de cette entreprise industrielle du Pays Haut.

Il ne peut être plus précis, les négociations avec plusieurs banques pour plusieurs Millions d’Euros étant en cours.

Un communiqué officiel du Secrétaire d'Etat au Budget peut contribuer à inciter les banques à prêter (c'est le plus gros souci), rassurer les clients pour qu'ils le restent (parce que sinon rien n'aboutira), faire patienter les créanciers (car il en reste), donner des assurances aux fournisseurs (car personne ne fabrique sans matière première). Tout cela est destiné à donner aux salariés une perspective.

Le Républicain Lorrain de ce samedi a résumé le communiqué en langage journalistique avec beaucoup d’humour.

Voici la traduction :

Du rôle de la presse locale (encore...)

On pourrait en sourire si l'avenir de plus de 100 foyers n'était en jeu.

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Une nouvelle étape...

16 Avril 2014 , Rédigé par Christian Eckert

Elu député, j'ai souvent fait visiter l'Assemblée Nationale à des habitants de la circonscription. J'ai aussi beaucoup écrit ici sur mes journées, mes occupations, mes sentiments. J'ai eu l'impression de faire ainsi participer ceux qui m'ont élu, à l'exercice du mandat qu'ils m'ont confié.

Vos commentaires, écrits et oraux, vos SMS, tweets, mails et autres interpellations me l'ont confirmé.

Depuis maintenant une semaine, je vis autre chose. Je ne suis plus membre de "la représentation nationale" (quelle belle formule !). Un tourbillon de nouveautés pour moi : nouveaux lieux, nouveaux collaborateurs, nouveaux interlocuteurs... J'en suis parfois un peu "gêné" : le soin apporté par le personnel à répondre à mes moindres demandes, les "Monsieur le Ministre" qui ponctuent chacune des phrases, la taille de mon bureau, le silence feutré qui y règne, les hordes de photographes qui nous guettent à l'entrée ou à la sortie des réunions, la solennité du Conseil des Ministres, il faut s'accoutumer sans s'habituer, tout en sachant que cela ne durera qu'un temps et que cela ne doit pas nous faire cultiver un quelconque sentiment de supériorité !

Les choses démarrent bien vite : constitution de mon cabinet, premières réunions de travail, questions au Gouvernement au Sénat... nommé le mercredi je reviens "chez nous" le vendredi soir.

Le week-end s'est réduit à 36 heures : Il a fallu quitter Trieux à 10h le dimanche... Michel Sapin, de retour dimanche matin des USA, voulait travailler avec moi le dimanche à 15h. Pour être à l'Elysée ensuite le dimanche à 18h ! Le Président, le Premier Ministre, Michel Sapin et moi avons mis la (quasi) dernière main à la trajectoire des finances publiques qui sera transmise au Parlement et à Bruxelles et avons parlé des fameux 50 Milliards d'économies.

Dans ces lieux mythiques, quend le Président de la République se tourne vers moi pour avoir mon point de vue, "ça me fait tout drôle"... Michel Sapin est super sympa et me dira plus tard : "tu as été très bien"...

Le Conseil des Ministres du Mercredi a été me dit-on plus long que d'habitude. J'ai appris que ma présence y était souhaitée 12h plus tôt seulement. J'ai pris ma part au débat, à ma place, en bout de table, et ai pris beaucoup de notes...

C'est une nouvelle étape. Comme déjà dit, j'en ai mesuré tous les aspects. Cette première semaine a été dense et riche, sérieuse et amicale, sereine et chargée...

On me brocardera sûrement sur les ors de la République, l'attrait du pouvoir, l'argent, les honneurs... Mes (très) proches connaissent la réalité et la vivent. Les autres l'ignorent et en parlent.

Ce petit coucou dans un trou de souris d'agenda pour dire aussi que contrairement à ce qui a été écrit ici ou là, le blog est vivant même s'il connaitra des pauses.

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(Sous) Ministre : Ni récompense, ni sacerdoce...

10 Avril 2014 , Rédigé par Christian Eckert

Bien évidemment je souhaite ici remercier les très nombreux amis qui m'ont, par différents moyens, envoyé des messages de félicitations à l'occasion de ma nomination au Gouvernement comme Secrétaire d’État en charge du Budget. Un hebdomadaire satyrique bien connu a l'habitude de les appeler les sous-ministres...

Beaucoup de ces messages me disent que c'est mérité, logique, et que cela serait une récompense. C'est sympa ! Mais être nommé au Gouvernement ne peut être considéré comme une récompense, un cadeau pour services rendus ! S'il est vrai qu'on me reconnait parfois quelques qualités que chacun apprécie à sa façon, j'ai aussi quelques défauts comme le fait d'être assez long à décider, d'avoir tendance à cabotiner, d'être aussi pratiquant de l'esquive et de la langue de bois... Pour autant, être placé à des responsabilités ministérielles est trop sérieux, trop influent sur la vie de tous, trop important pour l'avenir d'une communauté humaine, pour que cela soit considéré comme une contrepartie en faveur de quelqu'un qui n'a en fait que cherché à faire sérieusement son travail et à en rendre compte, sans complaisance ni fierté exagérées.

D'autres également très nombreux, me font part de leurs encouragements, devant la montagne de difficultés qui se profilent sur les questions budgétaires et financières. Bonne chance, bon courage, cela revient sans cesse, comme lorsque l'on va voir un ami bien malade à qui on cache sous des sourires d'un optimisme forcé la réalité de la souffrance à venir. Là encore, se voir confier le soin de gouverner (un peu), ce n'est pas un sacerdoce qui revêtirait le pauvre (sous) Ministre d'une robe de bure sous laquelle un corset de crins lui imposerait des souffrances continues ! Bien des fonctions sont difficiles et laissent augurer des moments inconfortables. Il y a pire "métier" que celui de (sous) Ministre.

Certains commentaires ici ou là et notamment dans la presse laisseraient à penser que l'on m'aurait proposé une place au Gouvernement pour mieux me contraindre au silence. La liberté de parole que j'ai parfois eue, entre-autre sur ce blog, s'est toujours accompagnée dans le cadre de mes fonctions de rapporteur du budget d'une grande solidarité avec mon Gouvernement. J'ai bien sûr réfléchi à cet aspect des choses et en ai parlé avec le Président de la République lorsqu'il m'a appelé pour envisager ma nomination. L'adhésion aux objectifs posés par le Président est bien sûr une condition que nul n'ignore avant et après sa nomination au Gouvernement. Les difficultés économiques et sociales du Pays commandent de ne pas y ajouter de difficultés politiques au sein d'une majorité fragilisée par des élections municipales perdues.

Enfin, sans fuir les responsabilités individuelles et collectives des élus, n'oublions jamais que notre démocratie conduit ceux-ci à agir au nom du peuple souverain. Si certes l'abstention est grandissante et inquiétante, il n'existe pas de meilleure façon pour organiser et améliorer la vie collective, que de déléguer pour un temps à quelques uns, dans les strictes conditions fixées par la Constitution, le soin de gouverner en leur nom. Les mandats sont limités dans le temps, dans l'espace et dans les compétences. Les Français sont régulièrement consultés, amenés à choisir, et chacun peut librement s'exprimer et même candidater. Ne pas le faire, c'est laisser faire les autres pour soi-même.

Je sais tous les risques que je prends. Deux d'entre eux priment sur les autres : Le premier est de décevoir les espoirs que certains ont mis en moi. Le second est d'y entrainer mes proches.

Ce blog a été pour moi un fil conducteur de mon action, et un lien de proximité original et profond. Je l'ai toujours alimenté personnellement. Cela m'a pris beaucoup de temps même si j'y ai pris du plaisir. Beaucoup m'ont dit leur intérêt à le consulter, et y trouver une façon de se sentir impliqués : Journalistes, élus, collègues, militants ou mieux, citoyens attentifs.

L'organisation de mon travail ne me permettra sans doute pas de continuer à l'alimenter régulièrement.

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Exigence et loyauté sont inséparables...

7 Avril 2014 , Rédigé par Christian Eckert

Notre ami Michel Dinet nous a quittés il y a maintenant plus d'une semaine. L'hommage impressionnant qui lui a été rendu restera un temps fort qui doit inspirer notre action politique.

L'action politique repose sur quelques principes simples : fidélité à nos valeurs fondamentales, loyauté par rapport à notre parti et à nos électeurs, reconnaissance du travail individuel et collectif, exigence envers nous mêmes et envers les autres.

Accessoirement, cela n'empêche pas la solidarité, la fraternité et l'amitié, forgées dans le travail en commun, les moments de tension vécus ensemble, les joies et les peines partagées... Jean Marc Ayrault en a été un bel exemple, même si force est de reconnaitre qu'il n'en a pas été payé en retour.

J'ai signé avec de nombreux parlementaires socialistes, une tribune qui tire les conséquences de notre échec aux municipales, en donnant quelques pistes pour éviter d'autres déconvenues électorales :

  • La fidélité à nos valeurs fondamentales en est la marque. Une politique de gauche doit prendre en compte la détresse économique et sociale. Elle doit favoriser le développement économique, et nous l'avons déjà beaucoup fait. Mais elle doit plus justement répartir les efforts demandés pour rétablir l'équilibre des comptes publics que la crise et la droite ont malmenés. L'exercice budgétaire de la fin 2013 pour établir la loi de finances 2014 en a été un exemple. Le groupe socialiste a du ferrailler des heures avec SON Gouvernement, pour obtenir environ 1.5 Milliards de mesures en faveur des plus modestes. Pendant ce temps, le CICE attribue 20 Milliards de Crédit d'Impôts aux entreprises, le pacte de responsabilité semble leur accorder 10 Milliards de réduction de cotisations sociales, les assises de la fiscalité des entreprises évoquent 8 Milliards de réduction d'impôts supplémentaires... Le groupe de travail sur la fiscalité des ménages s'oriente vers un recyclage de la Prime Pour l'Emploi et/ou du RSA activité, la "dépense" fiscale ne dépassant semble-t-il pas 1 ou 2 Milliards. C'est largement insuffisant.

 
  • La loyauté par rapport à notre parti et à nos électeurs en est un fil conducteur. Les engagements pris dans la campagne électorale par le candidat socialiste restent des objectifs. Si les contraintes budgétaires, techniques, politiques ou européennes ne nous laissent pas insensibles et méritent d'en gérer dans le temps la mise en œuvre. La retenue à la source de l'impôt, la progressivité de ce dernier et des contributions sociales, les questions sociétales comme le droit de vote des étrangers aux élections locales, ne sauraient être balayées d'un revers de remaniement. Les économies de dépenses encore en débat ne sauraient non plus remettre en cause le modèle social français et le juste accès aux services publics qui sont les principes redistributifs intangibles de la 5° puissance économique mondiale.

 
  • La reconnaissance individuelle et collective du travail ne doit pas être oubliée. Dans une société où la communication fait rage et où l’argent facile comme le pouvoir né de la présence médiatique font perdre le sens des valeurs. Le travail des parlementaires n'a pas été valorisé. Les élus de la nation sont la plupart du temps aussi à même de proposer et de décider que les cabinets ministériels et les hauts fonctionnaires. Dans cet esprit, le bon sens et le respect des institutions doivent permettre au Parlement de mieux prendre sa place dans l'élaboration des politiques.

 
  • L'exigence va de pair avec la loyauté. Les électeurs attendent de leurs élus un engagement total. Ils n'ont à l'évidence pas ce sentiment aujourd'hui. La confiance dans les valeurs républicaines passe aussi par le respect du Parlement par le pouvoir exécutif. Cela vaut encore davantage pour l'Europe. Comment exiger de la France et des Français d'être en accord avec les demandes de la Commission de Bruxelles, si la France ne porte pas à ce niveau les exigences d'une politique économique et sociale plus claire, pour ne pas dire plus juste !

Le deuxième temps de la législature ne réussira qu'à condition de respecter ces quelques principes simples.

Je voterai bien entendu la confiance à ce Gouvernement. Ne pas le faire serait lui faire un procès d'intention et pourrait ouvrir une crise politique qui se rajouterait à une crise économique et sociale qui n'en fini pas de se terminer... Je n'oublie ni d'où je viens, ni ce que la droite et l’extrême droite présentent comme risque majeur... Beaucoup de pouvoirs totalitaires sont arrivés par les urnes...

Pour autant, l'exigence envers nous mêmes renforcera notre devoir de loyauté.

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