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Darmanin feint de reculer mais seules les libertés reculent !

20 Novembre 2020 , Rédigé par Christian Eckert

Quelques rappels techniques, juridiques mais aussi politiques s’imposent concernant le texte plus liberticide que sécuritaire examiné en ce moment par le parlement .

  • il s’agit d’une PROPOSITION de loi et non d’un PROJET de loi. Une proposition de loi est présentée par des parlementaires. Un projet de loi est proposé par le Gouvernement. Une des différences est que les projets de loi doivent être accompagnés d’une étude d’impact et au préalable être examinées par le Conseil d’Etat. Rien de cela pour les propositions de loi. Passer par des parlementaires permet de ne pas décrire précisément les effets de la loi si elle est adoptée. Cela évite aussi que le Conseil d’Etat ne pointe les incohérences juridiques et constitutionnelles que pourraient présenter le texte. Cet avis est d’ailleurs, depuis le quinquennat précédent, rendu public… En passant par une proposition de loi, le Gouvernement évite ces écueils.
  • La modification proposée en dernière minute sous la pression par le Gouvernement consiste à utiliser une méthode connue et dangereuse : Le Gouvernement a réécrit le texte en parlant de « but MANIFESTE » de nuire… et il présente le rajout du mot « manifeste » comme un rempart aux abus… Cela n’a pas de sens : la constitution impose au législateur de veiller à l’intelligibilité de la loi. En l’occurrence, le mot « manifeste » est subjectif et pourrait provoquer la censure constitutionnelle au titre de l’illisibilité de la loi. L’interprétation par les juges du mot « manifeste » ne saurait être uniforme et traduire la volonté floue du législateur…
  • Les propos de François de Rugy sont aussi pour le moins écœurants : en gros, il demande à la presse d’accepter de restreindre sa liberté d’informer en leur rappelant que la presse est subventionnée… Cela s’apparente à une menace ou un chantage : Fermez-la ou on vous coupe les vivres… Il est vrai que chez ces gens-là, tout s’achète, même les principes les plus fondamentaux… Son exemple en est une preuve.

Si les dérives droitières et ultra-libérales en matière économique et fiscale du Président Macron étaient largement prévisibles – en tout cas pour moi - , ses actes incroyables en matière de libertés publiques sont une surprise pour beaucoup. Notre pays a été celui des lumières. A nous de ne pas les laisser s’éteindre.

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"Quoi qu'il en coûte", étudier doit être gratuit...

17 Novembre 2020 , Rédigé par Christian Eckert

Je suis né ne 1956, ai passé mon bac en 1973. Après 3 ans de Classe Préparatoire aux Grandes Écoles, j’ai suivi une formation d’enseignant avec un revenu de professeur stagiaire en passant notamment par l’École Normale Supérieure (à l’époque encore) de Saint Cloud et ai fini agrégé de Mathématiques avant de bifurquer plus tard vers la vie politique.

 

J’avais rencontré mon épouse en Prépa. Nombreux sont celles et ceux que je croise encore aujourd’hui, souvent dans des postes à responsabilité, qui ont suivi des parcours comparables. Plusieurs d’entre eux sont, comme Laurence et moi, issus de milieux modestes. De ces familles où la dynamique de l’acquisition du savoir prenait le pas sur la passivité de s’en remettre à l’inné.

 

C’est l’école de la République, où nous avons souvent été marqués par ses hussards, qui nous a permis d’accéder à ce qu’il est convenu d’appeler l’ascenseur social.

 

Mes études, pas complétement gratuites, restaient pourtant supportables pour ma famille de petits fonctionnaires. Les jobs d’été et des cours particuliers « au black » me permettaient même un semblant de confort matériel et pour le moins une autonomie financière. Laurence avait réussi à intégrer une école de commerce située à Paris. Sans faire « du Zola », nous pourrions dire combien ses parents ont compté le moindre franc pour payer les énormes frais de scolarité et les frais d’hébergement pour qu’elle puisse décrocher son diplôme.

 

Ce long préambule pour évoquer un sujet que l’actualité met régulièrement en relief : trois exemples parmi tant d’autres qui l’illustrent :

  • Un livre de John Grisham (Les Imposteurs) racontant comment les prêts aux étudiants en droit engraissent des écoles peu sérieuses et conduisent les étudiants américains dans des impasses. Cette question des prêts étudiants a, notamment aux U.S.A., fait l’objet de comparaisons avec les subprimes…
  • Un récent article du journal « Le Monde » expliquant pourquoi certains étudiants en école de commerce (connues pour le niveau élevé des frais de scolarité) demandaient des réductions eu égard aux modifications substantielles engendrées par la crise sanitaire.
  • Le « discret » projet gouvernemental dénoncé par Médiapart d’autoriser des établissements privés à délivrer les diplômes de vétérinaires jusqu’alors délivrés par des écoles publiques. Les prix évoqués de ces futures « pompes à fric » sont absolument écœurants.

 

Si la Gauche devait se fixer un seul objectif, j’aimerais qu’elle prenne l’engagement de rendre gratuites les formations de nos étudiants, quel qu’en soit le prix. Le Président a sorti cette formule du « quoiqu’il en coûte », et elle est dégainée tous les deux jours pour faire ruisseler des Milliards jusque-là introuvables. La relance est nécessaire et justifie des dépenses massives, je l’admets. Mais l’accès pour celles et ceux qui le peuvent, sans barrières financières, à des études supérieures, sera une chance pas seulement pour les personnes concernées, mais aussi pour le pays et son avenir.

 

Les examens ou les concours – qu’il ne faut pas supprimer - doivent reconnaitre le mérite, la volonté et la capacité d’apprendre et de réussir. Seuls ces critères doivent compter pour l’accès à l’enseignement supérieur. On peut parallèlement imaginer des dispositions pour combattre certaines discriminations liées à l’environnement social, le sexe ou les origines. Mais en aucun cas l’obstacle de l’argent ne doit exister, quitte à exiger des contreparties : j’ai moi-même été payé pendant une partie de mes études modulo un engagement dans le service public pour 10 ans.

 

Sur ce sujet, lorsque la Gauche a été au pouvoir, elle n’a pas été bonne. Je constate que les Grandes Ecoles de Commerce sont aujourd’hui toutes gérées par les Chambres de Commerce et d’Industrie. Dans des conditions financières rédhibitoires pour beaucoup.

 

L’égalité des chances est encore de nos jours une vue de l’esprit : la capacité à réussir ses études est pour beaucoup la conséquence du milieu où on nait, de son environnement culturel et des moyens de sa famille. Le rôle d’un état républicain est de tendre vers cette égalité. Effacer au maximum les questions d’argent est un préalable que la Gauche doit retenir comme intangible.

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