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politique

Réformer pour préserver, c'est une valeur de gauche !

23 Février 2016 , Rédigé par Christian Eckert Publié dans #POLITIQUE

« Faire de la politique autrement », c’est une formule qui peut faire consensus, surtout lorsque les élections se succèdent en dégageant les unes après les autres le même sentiment de manque de confiance dans les institutions, les élus et les structures sociales de notre Pays.

C’est quelque peu paradoxal lorsque les enquêtes d’opinion montrent simultanément que les français sont attachés à des notions fondamentales telles que la famille, la commune, la protection sociale ou les services publics.

Le monde d’aujourd’hui est pourtant plus ouvert et plus divers que jamais. Pas seulement à l’échelle européenne, où les principes de libre-circulation sont en œuvre, mais aussi à l’échelle mondiale : les progrès technologiques des dernières décennies permettent désormais la circulation des personnes, des biens, de l’argent, de la culture ou encore de l’information, dont personne n’avait anticipé l'extrême rapidité.

La nécessité de réformer en est la conséquence que beaucoup soulignent.

Là aussi, les paradoxes sont nombreux et si les français souscrivent à l’idée de réforme, ils ont toujours tendance à la soutenir « chez les autres » plutôt que pour eux même.

La dépense publique est en France de près de 1 200 Milliards. Sa proportion par rapport à notre richesse nationale est l’une des plus importantes du monde. Nous finançons par la dépense publique (celle de l’Etat, des régimes sociaux, des collectivités locales…) gratuitement ou presque, les soins des français, nos écoles, de la maternelle à l’université, nos retraites, l’assurance chômage. Nous finançons une part de nos infrastructures routières, ferroviaires, culturelles, de communication…

Sans renoncer, et au contraire pour préserver ce modèle que beaucoup de pays nous envient, nous cherchons à tirer profit des progrès technologiques et de l’évolution des pratiques pour réduire les coûts :

  • - La concentration des médecins dans certaines villes ou région conduisent à imposer aux professions médicales des contraintes d’installation et de pratiques. L’apparition de nouveaux équipements et traitements médicaux innovants, aussi utiles que coûteux, conduit à en concentrer l’implantation pour être efficaces et en maitriser les prix.
  • - Le mille-feuille territorial qui engendre autant de surcoûts que de freins à la décision et donc à l’action est une exception française. Les décisions de regrouper des Régions, d’achever et de simplifier la carte des intercommunalités et de clarifier les compétences de chaque niveau de collectivité sont à terme source d’économies et d’efficience.
  • - La transformation des formes d’activité et de travail, que certains nomment l’Uberisation de la société, est aujourd’hui une réalité. Se battre pour l’empêcher est une bataille déjà perdue. L’accompagner –d’aucuns diront l’encadrer- est donc nécessaire, pour que les revenus issus de ces activités soient comme les autres assujettis à l’impôt et à la cotisation sociale. Pas pour « racketter », mais tout simplement pour que ceux qui en vivent aient des droits, des retraites et contribuent aux charges publiques comme les salariés « ordinaires ».
  • - Le télépaiement, les moyens modernes de communication entre les contribuables et leur administration ou encore la déclaration d’impôts en ligne doivent nous permettre de restructurer le réseau physique des services des finances publiques, et donc de réduire la dépense.
  • - L’agriculture française, confrontée à des déséquilibres engendrés entre-autre par la fin des quotas laitiers en Europe, oscille entre besoin de régulation et libéralisme des échanges. Elle doit néanmoins, même si elle a su le faire courageusement dans un passé plus lointain, envisager de nouvelles étapes dans la réorganisation de ses filières, pour tenir compte de l’évolution de l’offre et de la demande mondiales.
  • - La plus grande mobilité dans l’emploi, les changements dans les déplacements domicile-travail, les évolutions de l’urbanisation à l’échelle du monde ou de notre pays, sur nos bassins de vie comme à l’intérieur de nos agglomérations, sont autant de données à prendre en compte dans le déploiement de nos services publics.

Ces quelques exemples ne sont pas anodins.

C’est là que les résistances s’organisent, et qu’un regard tantôt égocentrique, tantôt corporatiste ou encore un tantinet chauvin fait trop souvent perdre le sens de l’intérêt général :

Les professions médicales défendent leur liberté d’installation et le statuquo de la carte hospitalière.

Les élus locaux appellent tous les jours au respect de leur autonomie de dépenses en même temps que le maintien des subventions de l’Etat.

Les chauffeurs d’Uber (et les usagers !) veulent toutes les libertés alors que les chauffeurs de taxi défendent leur monopole chèrement acquis par l’achat à crédit d’une licence qu’ils craignent de voir dévalorisée.

Les fonctionnaires des finances publiques veulent conserver toutes les trésoreries sans tenir compte des évolutions démographiques et des comportements.

Les agriculteurs veulent produire plus et s’agrandir, pour vivre du fruit de leur travail, alors que les prix s’effondrent avec la chute de la demande mondiale.

Les habitants veulent tout à portée de main, alors que la répartition sur le territoire national des emplois et des domiciles a été bouleversée depuis un demi-siècle.

La fréquence ou la proximité des élections, le populisme niant l’évolution des mœurs ou encore la nostalgie des années glorieuses où la croissance donnait – souvent même à crédit - du progrès social partout et à tous, ont pu faire perdre, et je ne m’en exonère pas, le sens des responsabilités à la classe politique.

Certains trouvent leur réponse dans l’abstention ou dans le vote Front National. Comme si les solutions étaient là !

La Gauche a cette vertu qui est essentielle : Accompagner, voire anticiper les mutations de la société dans le respect de ses valeurs. L’abolition de la peine de mort, le mariage pour tous, le souci de préserver notre modèle social au prix de réformes justes (retraites et allocations familiales…) en sont des exemples forts.

D’autres réformes en cours font l’objet de caricatures et de cris d’alarme prématurés. Le débat est légitime, la vigilance de chacun doit être totale.

Pour autant, nous devons ouvrir les yeux sur les mutations dans la société, les entreprises ou dans la concurrence internationale.

Le droit du travail est évidemment un élément fondamental du modèle social français. Sa réforme ne nous est dictée ni par Bruxelles ni par le MEDEF. Un examen attentif et scrupuleux du texte le démontre.

Dans ce domaine, comme dans bien d’autres, le plus grand risque serait l’immobilisme qui pourrait conduire à tout perdre bientôt plutôt que de bouger tout de suite.

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