(Sous) Ministre : Ni récompense, ni sacerdoce...
Bien évidemment je souhaite ici remercier les très nombreux amis qui m'ont, par différents moyens, envoyé des messages de félicitations à l'occasion de ma nomination au Gouvernement comme Secrétaire d’État en charge du Budget. Un hebdomadaire satyrique bien connu a l'habitude de les appeler les sous-ministres...
Beaucoup de ces messages me disent que c'est mérité, logique, et que cela serait une récompense. C'est sympa ! Mais être nommé au Gouvernement ne peut être considéré comme une récompense, un cadeau pour services rendus ! S'il est vrai qu'on me reconnait parfois quelques qualités que chacun apprécie à sa façon, j'ai aussi quelques défauts comme le fait d'être assez long à décider, d'avoir tendance à cabotiner, d'être aussi pratiquant de l'esquive et de la langue de bois... Pour autant, être placé à des responsabilités ministérielles est trop sérieux, trop influent sur la vie de tous, trop important pour l'avenir d'une communauté humaine, pour que cela soit considéré comme une contrepartie en faveur de quelqu'un qui n'a en fait que cherché à faire sérieusement son travail et à en rendre compte, sans complaisance ni fierté exagérées.
D'autres également très nombreux, me font part de leurs encouragements, devant la montagne de difficultés qui se profilent sur les questions budgétaires et financières. Bonne chance, bon courage, cela revient sans cesse, comme lorsque l'on va voir un ami bien malade à qui on cache sous des sourires d'un optimisme forcé la réalité de la souffrance à venir. Là encore, se voir confier le soin de gouverner (un peu), ce n'est pas un sacerdoce qui revêtirait le pauvre (sous) Ministre d'une robe de bure sous laquelle un corset de crins lui imposerait des souffrances continues ! Bien des fonctions sont difficiles et laissent augurer des moments inconfortables. Il y a pire "métier" que celui de (sous) Ministre.
Certains commentaires ici ou là et notamment dans la presse laisseraient à penser que l'on m'aurait proposé une place au Gouvernement pour mieux me contraindre au silence. La liberté de parole que j'ai parfois eue, entre-autre sur ce blog, s'est toujours accompagnée dans le cadre de mes fonctions de rapporteur du budget d'une grande solidarité avec mon Gouvernement. J'ai bien sûr réfléchi à cet aspect des choses et en ai parlé avec le Président de la République lorsqu'il m'a appelé pour envisager ma nomination. L'adhésion aux objectifs posés par le Président est bien sûr une condition que nul n'ignore avant et après sa nomination au Gouvernement. Les difficultés économiques et sociales du Pays commandent de ne pas y ajouter de difficultés politiques au sein d'une majorité fragilisée par des élections municipales perdues.
Enfin, sans fuir les responsabilités individuelles et collectives des élus, n'oublions jamais que notre démocratie conduit ceux-ci à agir au nom du peuple souverain. Si certes l'abstention est grandissante et inquiétante, il n'existe pas de meilleure façon pour organiser et améliorer la vie collective, que de déléguer pour un temps à quelques uns, dans les strictes conditions fixées par la Constitution, le soin de gouverner en leur nom. Les mandats sont limités dans le temps, dans l'espace et dans les compétences. Les Français sont régulièrement consultés, amenés à choisir, et chacun peut librement s'exprimer et même candidater. Ne pas le faire, c'est laisser faire les autres pour soi-même.
Je sais tous les risques que je prends. Deux d'entre eux priment sur les autres : Le premier est de décevoir les espoirs que certains ont mis en moi. Le second est d'y entrainer mes proches.
Ce blog a été pour moi un fil conducteur de mon action, et un lien de proximité original et profond. Je l'ai toujours alimenté personnellement. Cela m'a pris beaucoup de temps même si j'y ai pris du plaisir. Beaucoup m'ont dit leur intérêt à le consulter, et y trouver une façon de se sentir impliqués : Journalistes, élus, collègues, militants ou mieux, citoyens attentifs.
L'organisation de mon travail ne me permettra sans doute pas de continuer à l'alimenter régulièrement.