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Converger n'est pas ponctionner !

26 Septembre 2017 , Rédigé par Christian Eckert

Faire converger le prix de l’essence et du gasoil est un objectif que je partage. A l’Assemblée Nationale, j’ai toujours eu cette position. Ce Gouvernement se flatte de mettre en œuvre cet objectif.

Il oublie simplement plusieurs considérations essentielles :

  • Ce mouvement a été largement amorcé par le Gouvernement et la majorité précédente. Nous avions voté une trajectoire étalée sur plusieurs années, après des débats sur le rythme de la convergence des prix. Autant les automobilistes que les industriels souffrent d’une évolution trop rapide. Le particulier (ou le professionnel) qui a fait un choix en fonction des paramètres du moment se sent légitimement grugé par un changement de fiscalité brutal. Les industriels du secteur de l'automobile ont eux aussi besoin d’un peu de temps pour réorienter leur production. Une fois de plus, il eut été courtois de dire que cet alignement diesel essence était le prolongement -certes accéléré- d’une politique déjà décidée. Mais il est vrai que ce Gouvernement ne cesse de prétendre qu’avant, tout était nul et que maintenant tout est génial. On dira que c’est de bonne guerre, mais en fait, le plus important n’est pas là… Il est ci-dessous…

 

  • Pour faire converger le prix TTC des carburants, nous avions décidé de BAISSER les taxes sur l’essence et d’AUGMENTER simultanément celles sur le diésel. Le budget de l’Etat y gagnait un peu, car il se vent plus de diésel que d’essence (environ 200 Millions). Nous avions d’ailleurs recyclé ce gain en baisse d’impôts pour les ménages. Ce Gouvernement fait un choix radicalement différent. Il augmente les taxes de TOUS les carburants, mais augmente plus celles du diésel que celles de l’essence : + 3.9 cts sur l’essence et + 7,6 cts sur le diésel. Il est donc clair que TOUS les français vont payer plus ! Tout le « bénéfice » pour le budget de l'Etat permettra de baisser l’ISF de quelques uns. Les concitoyens que je croise tous les jours font leur plein de carburant régulièrement. Rarissimes sont ceux qui paient l’ISF.

 

La communication du Gouvernement sur le budget passera sous silence les 4 Milliards supplémentaires ponctionnés par les taxes sur les carburants et vantera la vertueuse convergence du prix de l’essence et du diésel.

Politique de gribouille, je persiste et signe.

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Dans GRIBOUILLE, il y a GRIS et BOUILLE....

25 Septembre 2017 , Rédigé par Christian Eckert

Je suis de formation scientifique et les mathématiques ont marqué mon esprit. J’en ai eu la passion : raisonnement logique, rigueur, cartésianisme… La magie des nombres, la nécessité de démontrer, les merveilles de la géométrie ont été pour moi des notions fondamentales que j’ai essayé de transmettre à mes élèves ou à mes étudiants.

Au fil du temps, les neurones vieillissant et manquant de pratique, manier les concepts mathématiques est devenu pour moi difficile. J’ai pour le coup pris goût à la magie des mots et de l’écriture. Sans prétention. Plus proche de Raymond Devos que de Claude Hagège, n’ayant appris ni grec ni latin, j’aime assez jouer avec les mots.

On est à la veille de la présentation du premier Projet de Loi de Finances (PLF) du Gouvernement qui a remplacé celui auquel j’appartenais. Comme souvent, beaucoup d’informations fuitent plus ou moins volontairement et permettent de jeter un premier regard.

Dans ce contexte, le mot « GRIBOUILLE » me vient à l’esprit et mérite une analyse :

  • dans GRIBOUILLE, il y a GRIS. Cette couleur qui peu paraître triste, est en fait un symbole intéressant. Le GRIS est un mélange de noir et de blanc. Il nous rappelle que le monde est rarement binaire, que la complexité humaine ne permet pas  la seule alternative du oui et du non, du bien et du mal, de l’ouvert et du fermé. Le GRIS possède en outre la faculté d’être clair ou foncé, ces notions étant d’ailleurs subjectives au possible, de quoi perturber le cartésien invétéré que je suis. Mais au final, retenir que dans un PLF il peut y avoir un mélange de blanc et de noir, est l’affirmation d’un regard porté sans a priori, sans dogmatisme et avec le sérieux de l’analyse qui s’impose à tout esprit scientifique.

 

  • Dans GRIBOUILLE, il y a BOUILLE. On dit fréquemment de quelqu’un « qu’il a une bonne bouille ». Ca ne veut pas dire que l’on est beau, mais cela veut dire « sympa ». Il est clair que la présentation faite d’un PLF est réussie dès lors que les observateurs lui trouveront une « bonne bouille ». Dans ce nouveau monde où l’image est plus importante que le produit, la recherche de la « bonne bouille » du PLF est essentielle. Et c’est là que toute la force des communicants s’exprime. On mélange le législatif et le réglementaire, les crédits budgétaires et les dépenses fiscales, on recycle dans un plan d’investissement horssol des dépenses déjà prévues dans des lignes classiques, on fait en sorte que la comparaison des budgets ministériels d’une année à l’autre soit impossible, sauf pour des spécialistes rompus aux pratiques des changements de référentiels permanents.

 

Nous aurons l’occasion de revenir sur le détail du PLF en voie de finalisation. Mais ce qui en est connu me confirme ce que je ressens depuis quelque mois : une politique de GRIBOUILLE ! C’est grave et dangereux, car cela trompe un temps les français, qui, au fil du temps, le réalisent et perdent toute confiance avec leurs gouvernants.

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Française des Jeux...ou comment l'Etat peut perdre ses gains !

7 Septembre 2017 , Rédigé par Christian Eckert

Le Gouvernement annonce qu’il va céder tout ou partie de ses participations dans certaines entreprises , sans franchement utiliser le terme de privatisation. Le but serait de dégager des moyens pour financer la recherche et l’innovation.

Trois remarques générales s’imposent avant d’en venir à mon propos :

  • Vendre des participations ne crée pas de recettes budgétaires au sens maastrichtien. Je l’ai déjà exposé sur ce blog. La réduction des déficits publics ne peut donc bien sûr pas être mise en avant pour justifier des privatisations. Au mieux, la montée en capital de l’Etat dans des entreprises innovantes permettrait d’effacer des dépenses budgétaires actuelles, mais sans doute de façon marginale. On évoque 10 Milliards d’Euros, et c’est sans rapport avec les dépenses actuelles.
  • Certains secteurs industriels particuliers nécessitent que l’Etat soit sinon majoritaire, du moins présent au capital pour assurer la protection d’intérêts essentiels. L’armement, l’énergie nucléaire ou certains types de transport rentrent dans cette catégorie. Bien sûr, la notion d’intérêt stratégique peut être subjective et soumise à débat et évoluer au fil du temps.
  • Il existe déjà de nombreux moyens pour accompagner les entreprises dans leur développement en apportant du capital : la Banque Publique d’Investissement (longtemps sous la tutelle du Ministre Macron), les nombreux fonds de la Caisse des Dépôts (bien connue du Président Macron), l’Agence des participations de l’Etat (toujours sous la tutelle du Ministre de l’Economie)… L’expérience que j’en ai est modérément enthousiaste. Chaque fois que j’ai recensé des besoins dans ma circonscription, il y a eu des blocages : un jour l’entreprise était trop petite, un jour trop grosse, un jour trop filiale d’un groupe, un jour ce n’était pas une filière prioritaire, un jour le risque était trop élevé, un jour il fallait attendre la création d’un fonds ad hoc… Alors, rajouter une couche sous une forme qui n’a pas encore été précisée, pourquoi pas…

Au bénéfice de ces trois réserves, je n’ai donc pas d’objection de principe à des privatisations.

Il semble que la Française des Jeux (FDJ) devienne un enjeu de taille, et j’entends dire ici et là que c’est une des priorités. On parle de Milliards, de pépite et j’entends bien des contrevérités.

D’abord il faut faire le constat que les jeux ne sont pas une marchandise comme les autres ! Les risques de blanchiment, les risques d’addiction, les risques de fraude et les risques pour les mineurs sont bien connus. Sans tomber dans la caricature, sans nécessairement évoquer quelques drames humains ayant ému l’opinion, une vraie réflexion morale et sociétale sur la place des jeux d’argent dans la société est nécessaire. Je pense sincèrement que l’Etat actionnaire est mieux que quiconque garant du respect des indispensables règles à respecter.

Ensuite il faut avoir un regard économique lucide et précis.

En temps qu’entreprise, la FDJ ne fait qu’un bénéfice minime : Un peu plus de 100 Millions. C’est beaucoup pour vous et moi, c’est assez insignifiant pour l’Etat. Sur cette base, et toute chose égale par ailleurs, la valeur boursière de la FDJ est faible, même en cas de privatisation totale !

Pourtant, les jeux rapportent à l’Etat plus de 3 Milliards par an ! L’Etat perçoit en effet une part des enjeux, AVANT sa prise en compte dans le chiffre d’affaire de la FDJ et AVANT le calcul des gains des joueurs, de la rémunération des buralistes et de la part pour le fonctionnement de la FDJ !

La recette budgétaire de l’Etat, maastrichtienne cette fois, est donc pérenne. Seul le renoncement par l’Etat à tout ou partie de cette recette laisserait à l’actionnaire de la FDJ un copieux bénéfice. Bien sûr, cela ferait grimper de façon vertigineuse la valeur des actions.

C’est à ma connaissance le possible projet de quelques uns, qui pourraient en même temps prôner la cession des titres de la FDJ et la libéralisation du marché des jeux. En découleraient des transferts d’argent dont ni les joueurs ni l’Etat ne verront le bénéfice. Le monopole confié à la FDJ pourrait ainsi se monnayer et une cession à un certain prix pourrait produire une plus value substantielle en cas d’évolution ultérieure de la fiscalité. On a déjà connu ça avec les concessions bradées en leur temps par la droite aux sociétés d’autoroutes comme avec les avenants négociés plus récemment par le Ministre Macron à ces contrats.

Pour des raisons morales, pour des raisons budgétaires et pour des raisons d’équité, la privatisation de la FDJ serait une faute à terme.

Puisse l’avenir me donner tort !

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