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ABSTENTION DES SOCIALISTES : LA VERITE

15 Octobre 2008

Les remous et commentaires vont bon train à propos de notre abstention de mardi soir sur le collectif budgétaire présenté par le gouvernement. Les socialistes se seraient déchirés en réunion de groupe et la direction du groupe et du parti auraient changé de posture en cours de réunion... Ceci est faux et Manuel Valls comme quelques autres (une infime minorité) utilisent des contre-vérités à des fins internes de combines d'avant-congrès.

J'y étais, et veux rétablir la vérité sur notre réunion de groupe de mardi. Sur le fond comme sur la forme :

  • Nous avons été saisi en catastrophe de ce texte qui prévoit de refinancer et recapitaliser les banques, avec un plafond de 360 Milliards, 6 000 € par français, plus que le budget de l' Etat que nous discuterons pendant un mois ! Le tout en une soirée.
  • Nous avons d'emblée exclu de voter contre, considérant que c'était un mal nécessaire et urgent, et qu'il avait fait consensus -certes difficilement- pour que les pays européens adoptent une démarche comparable.
  • Douze orateurs se sont succédés, dans un esprit parfaitement calme et constructif. Certains défendaient un vote pour, d'autres l'abstention, dans un débat de haute tenue et sans aucun haussement de ton. Les trois quarts des députés du groupe étaient présents et attentifs.
  • A l'évidence, Jean Marc Ayrault était indécis au début, et n'a pas influencé le vote, pas plus que Jérome Cahuzac, qui avait déserté la Commission des finances réunie au même moment pour étudier le texte, et qui nous en a présenté objectivement le contenu. Je savais pourtant Jérome penchant pour le oui, c'est un ami qui a son bureau en face du mien.
  • A l'issu du débat, considérant que la droite jouait les pompiers pyromanes, qu'elle ne méritait pas de réunir "l'unité nationale", que ce serait un piège pour nous, nous avons voté tranquillement. Moins de 10 collègues se sont prononcés sur un vote pour, l'écrasante majorité ayant rallié le camp de l'abstention. J'avoue avoir été partagé au début, mais ai été convaincu par les débats.
  • En séance publique, les orateurs ont parfaitement défendu la position du groupe, même si, individuellement, ils auraient choisi un vote pour. Jérome Cahuzac a été remarquable, de l'avis unanime des présents.
  • Manuel Valls a fait des déclarations à la presse, inadmissibles et déstabilisant notre groupe qui avait dû trancher une situation politique difficile. Si nous avions voté pour, qu'aurions nous entendu de ceux qui nous auraient accusé de "collabo" et de libéraux reniant nos valeurs de gauche ?
  • Ce matin, en réunion de groupe, le ton a cette fois été plus vif, beaucoup de collègues, et pas que des éléphants, rappelant la nécessaire unité dans des situations politiques comme celles-ci.

Globalement, tout le monde nous trouve inaudible. Pourtant, le travail est fait. J'ai passé ma journée sur des sujets comme la santé, les retraites, le financement de l'hôpital, etc...

Sérieusement, techniquement, en lien avec nos territoires, je suis de plus en plus admiratif de la qualité de notre travail parlementaire.

Il est dommage que le comportement de quelques-uns, amis des journalistes plus friands de ce qui divise que de ce qui rassemble, brouille notre image et gomme un vrai boulot de la grande majorité de vos députés socialistes.

Espérons qu'après Reims, cela sera fini. Quelle que soit la majorité de notre parti, elle devra rassembler et donner la ligne autour de laquelle tous les socialistes devront bien se tenir.

La situation dans notre pays exige de nous une vraie alternative à ce qui écrase la grande majorité des français. Cela va s'amplifier je le crains, les cours de bourse et les indicateurs restent au rouge, même après le Plan de Sarkozy. Ne nous en réjouissons pas, et restons nous même contre vents et marées.
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S
Christian, merci de ces éclairages effectivement importants. Je reconnais ton grand souci d'objectivité et d'explication qui sont tout à ton honneur. Je vais d'ailleurs diffuser ton texte aux camarades de ma section qui sont - comme tout le monde - plein d'interrogations et de questions.<br /> <br /> Cela dit, mon analyse personnelle va assez à l'encontre de l'unité nationale prônée ici et là. Certes la situation est grave mais l'unité nationale n'est pas une fin en soi et chacun peut avoir des positions responsables sans pour autant tomber dans un unanimisme finalement dangereux.<br /> <br /> Sarkozy est il pyromane ? Je le pense : le résultat du sommet du week end du 12 aurait dû arriver une semaine plus tôt lors de la réunion dite du G4, qui elle a été un réel échec français.<br /> <br /> Pourquoi ? Parce qu'un vague scribouillard de l'Elysée a tenu des propos totalement irresponsables quelques jours avant ce G4 prétendant que Maastricht devait passer aux oubliettes, ce qui était le meilleur moyen d'apeurer les Allemands et de les pousser à refuser toute solution commune.<br /> <br /> Résultat ? Une semaine de chute libre de la bourse où les petits épargnants ont vu des pertes abyssales sur leur PEA, leur assurance vie et autre petit patrimoine.<br /> <br /> Je ne dis pas que c'est LA cause de la chute boursière bien entendu, mais incontestablement, M. Guaino, soutenu par le Président, a contribué à faire capoter une réunion importante par amateurisme et inconséquence.<br /> <br /> D'ailleurs est ce à un conseiller - fut il spécial - de tenir ce genre de propos ? Je me souviens d'une réplique fulgurante de M. Junker qui était sollicité par un journaliste de France Inter pour commenter une dclaration de ce triste M. Guaino et qui a répondu : "Vous n'imaginez pas que moi, chef d'un gouvernement d'un pays souverain, je vais répondre à un "conseiller". Je suis élu par le peuple et je ne dialogue au plan inetrnational qu'avec des élus". Ca c'est clair n'est-ce pas ?<br /> <br /> C'est pourquoi effectivement il n'y a pas lieu me semble t il de donner un blanc seeing à ces politiques là, même si la situation est grave. Rappelons nous qu'en 1914, l'Union Sacrée était loin de faire l'unanimité ... et nous n'en sommes pas là ... dieu merci 
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