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Le prix de l'Education, c’est le prix de l’avenir…

17 Septembre 2021 , Rédigé par Christian Eckert

Quitte à surprendre, ancien Secrétaire d’Etat en charge du Budget et des Comptes Publics de 2014 à 2017, je veux m’élever contre les chantres de l’orthodoxie Budgétaire qui retrouvent aujourd’hui force et vigueur après une étonnante période d’amnésie.

On oublie vite que le quinquennat Hollande a divisé le déficit budgétaire par plus de deux. Cela explique sans doute plus que toute autre chose la perception négative des français de cette période (réduction des dépenses publiques, gel des salaires et des pensions, baisse des concours de l’Etat aux collectivités…).

Dès ses débuts en 2017, le nouveau Président a oublié la vertu budgétaire : la transformation du CICE en réduction de cotisations sociales, la mise en place de la flat-tax, la fin de l’ISF (…) ont dégradé les comptes d’autant que certaines dépenses ont repris leur cavalerie, parfois dictées ensuite par la volonté de calmer la grogne des gilets jaunes et d'autres catégories.

La crise sanitaire et ses conséquences économiques ont ensuite encore chamboulé les regards et suspendu les critères.

Le « Quoiqu’il en coûte » a été peu contesté, y compris par les ultra-libéraux qui retrouvent affection pour l’Etat-Providence lorsqu’il vient pallier les travers du marché. Les soutiens à l’économie nécessaires et appréciés ont depuis engendré une demande de soutien des salariés. Le niveau des salaires devient un élément central du débat public.

L’idée d’une revalorisation massive des salaires des enseignants s’inspire d’un objectif encore plus large, mais ne saurait oublier ces éléments de contexte. Investir sur l’Education et la Formation revient bien sûr à parier sur l’avenir, tant d’un point de vue culturel, scientifique, social et citoyen qu’économique.

Toutes les études comparant le statut des enseignants français à celui de leurs homologues européens montrent un décalage important au détriment de la France. Comment l’ignorer ?

Le rattrapage nécessaire est aujourd’hui devenu la cible des analystes financiers, curieusement venus autant de la gauche populiste que de la droite.

Il importe d’y répondre et quelques remarques de bon sens peuvent amorcer la réflexion :

  1. Lorsqu’on augmente les revenus, ceux-ci engendrent des recettes pour l’Etat. Par exemple, lorsqu’ils sont perçus ils engendrent des impôts et des cotisations et quand ils sont dépensés ils génèrent de la TVA. Les « prélèvements obligatoires » font que, grosso-modo, pour 2 Milliards de salaire en plus, l’Etat encaissera 1 Milliard de recettes supplémentaires. Le coût net sera donc à diviser par deux.
  2. La période qui s’ouvre montre déjà des signes d’inflation. La plupart des spécialistes s’attendent à une inflation forte dans les prochaines années. L’inflation « profite » à L’État en recettes de TVA de façon quasi-automatique. Plusieurs Milliards de recettes supplémentaires devraient ainsi être constatées chaque année.
  3. La montée en puissance peut se faire sur le quinquennat sous forme de loi de programmation. Aligner les salaires d’enseignants sur les standards internationaux et autour du salaire médian des cadres sera donc à étaler sur 5 ans.
  4. La France doit se montrer capable de faire aussi bien que ses homologues européens, et faire en sorte que les métiers de l’enseignement redeviennent attractifs pour les meilleurs.

La crise sanitaire a largement démontré que certains dossiers justifient de décisions budgétaires audacieuses. Les raisonnements comptables doivent suivre les volontés politiques et non l'inverse. L’Éducation est à l’évidence un des incontournables sujets qui doit être une priorité…

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