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Le coup de com’ de Macron avec les Seabubbles...

25 Août 2021 , Rédigé par Christian Eckert

Ci dessous, en cadeau, un chapitre à peine retouché extrait de mon livre "Un Ministre ne devrait pas dire ça..." (Robert Laffont). Amusant de lire ça après l'article du Canard Enchainé publié trois ans après le livre... :

 

Le coup de com’ de Macron avec les Seabubbles

Tout commence le jour de ma nomination en avril 2014. Il n’y a pas de passation de pouvoir au sens habituel. Mon prédécesseur, Bernard Cazeneuve, a quitté son bureau de Bercy quelques jours plus tôt pour le ministère de l’Intérieur, place Beauvau.

Si cette histoire peut paraître anecdotique, elle traduit bien les facettes de la vie de ministre, à Bercy en particulier. Elle est surtout révélatrice du fossé qui s’ouvre entre Emmanuel Macron et moi.

 

Toujours prévenant, Michel Sapin m’appelle dès l’annonce officielle pour convenir avec moi des conditions précises de mon arrivée à Bercy. Il souhaite, faute de vraie passation, m’accueillir personnellement, avec quelques collaborateurs très proches.

En fin d’après-midi, j’entre donc avec lui à l’Hôtel des ministres, sa directrice de cabinet Claire et quelques intimes à nos côtés. Michel et moi nous entretenons une grosse demi-heure en tête à tête dans mon nouveau bureau et évoquons la situation, la constitution de mon cabinet, notre méthode de travail et le dossier urgent du programme de stabilité à transmettre à Bruxelles.

 

Concernant la « maison » Bercy, Michel me confie son inquiétude sur la douane. Contrainte à des restructurations, conduite à évoluer, s’interrogeant même sur son avenir, cette administration connaît une tension maximale et le dialogue social y est quasiment rompu. Michel me charge très précisément de m’en occuper, de recevoir vite et régulièrement leurs organisations syndicales et de veiller à ce que le plan pluriannuel de modernisation soit mis en place sans crise majeure.

Pendant trois ans, j’ai donc beaucoup reçu les agents, je me suis très souvent déplacé dans les brigades, j’ai programmé mille embauches, « inversant la courbe… des effectifs douaniers » et obtenant que les personnels réintègrent le défilé du 14 Juillet, pour la première fois depuis des dizaines d’années. J’y ai passé un temps fou, découvrant une structure complexe, des métiers particuliers, ainsi que des femmes et hommes attachants. Plus globalement, notre gouvernement a donné un avenir à la douane.

La navette du Nouveau Monde

Bercy est situé hors du périmètre d’or qui rassemble dans Paris l’Élysée, Matignon, le Parlement et la plupart des ministères. Or le temps des ministres est aussi rare que les embouteillages sont fréquents ; mais les sirènes et les motards irritent les Parisiens. Une « navette » fluviale nous conduit donc rapidement sur la Seine, de Bercy jusqu’à la place de la Concorde. Deux vedettes de la douane4, vieillottes mais confortables et efficaces, sont pilotées par des douaniers pour assurer les trajets. Seuls les membres du gouvernement y sont admis, le cas échéant avec leurs accompagnants.

 

Début 2016, mon cabinet m’informe que, sur la Seine, des douaniers se sont illustrés en sauvant de la noyade un désespéré qui voulait mettre fin à ses jours : les deux agents ramènent à vide leur navette de l’embarcadère de la Concorde quand ils aperçoivent un individu sauter d’un pont. Ils se rapprochent aussitôt de l’homme qui refuse de saisir la bouée qu’ils lui lancent. Un douanier saute courageusement à l’eau. Le gouvernail bloqué par un vêtement, le bateau termine sa course contre une pile du pont. Mais tout le monde finit sain et sauf.

 

Avec ma cheffe de cabinet, nous décidons donc d’inviter l’ensemble des douaniers de la brigade fluviale à partager un petit déjeuner dans mon bureau, et d’en profiter pour récompenser les deux douaniers courageux avec une médaille et quelques cadeaux.

Les cabinets des ministres sont hyper-vigilants et veillent à tout. Chaque rendez-vous est passé au scanner, fait l’objet de notes détaillées et d’une préparation avec le ministre lui-même. La veille du petit déjeuner, on me « briefe » sur la réception du lendemain. J’écoute distraitement, car je connais ces douaniers et j’entends faire peu de cas du protocole et souhaite surtout partager avec eux un moment convivial.

Après m’avoir décrit le déroulé, listé les viennoiseries et les boissons, proposé les décorations à remettre, mes conseillers me font part d’un « risque » de réclamation de l’équipe fluviale : nos deux navettes sont vétustes, tombent souvent en panne. Trouver les pièces de rechange devient difficile et les réparations sont de plus en plus coûteuses. Il se trouve que l’équipe fluviale a été approchée par une entreprise de type start-up, proposant des SeaBubbles, navettes fluviales d’un nouveau genre.

On me montre alors un dossier, bien formaté, présentant des montages photographiques de ces nouveaux engins quelque peu futuristes sur la Seine, avec un mini-port situé sous le bâtiment de Bercy. Je découvre ces petits véhicules électriques, dont le principe est basé sur celui des hydroptères. La vitesse et la morphologie de ces véritables « bateaux volants » les font pratiquement décoller de l’eau.

Mais l’entreprise qui les construit n’en est qu’au stade des prototypes, rien n’est encore homologué, les prix, inconnus et, pour finir, il faudra construire un quai spécifique pour garer et recharger les SeaBubbles. Mes conseillers souhaitent m’informer, au cas où les douaniers, évidemment intéressés, évoqueraient ce sujet.

 

Le lendemain, comme convenu, tous les équipages entrent dans mon bureau, les yeux écarquillés. Il faut dire que l’endroit est splendide : d’immenses baies vitrées ouvertes sur Paris quasiment à la verticale de la Seine, le tout sous des hauteurs donnant un volume impressionnant. Tous pénètrent ici pour la première fois. On prend les photos, plonge sur les pains au chocolat, prononce les éloges prévus et prolonge ce moment en parlant à bâtons rompus autour d’un café.

Bien sûr, le responsable du groupe finit par sortir le dossier SeaBubble que je reconnais immédiatement. Je l’écoute attentivement, devine chez lui l’envie de disposer de nouveaux outils, même s’il reste prudent en s’adressant à son ministre de tutelle. Je réponds avec la même prudence, indique que la démarche pourra prospérer lorsque les véhicules auront été testés et homologués et rappelle les contraintes budgétaires qui sont les nôtres. Je m’engage à étudier avec bienveillance le projet, dès lors qu’il sera techniquement validé et qu’il n’explose pas nos dépenses. Je n’ai rien promis mais rien écarté.

 

Les équipes repartent satisfaites, me promettant une invitation dans leurs locaux de bord de Seine pour un prochain apéritif « déjeunatoire » composé de spécialités de leurs régions d’origine… J’oublie pour un temps les SeaBubbles. Pour un temps seulement…

Les manœuvres de Macron

Début juillet de la même année 2016, le Premier ministre se rend pour un voyage éclair en Corse. Je suis dans la délégation, car les questions fiscales y sont extrêmement sensibles : le non-règlement hyper-dérogatoire des droits de succession et quelques autres sujets tout aussi favorables en vigueur dans l’île de Beauté – prix du tabac, déductions fiscales supplémentaires, non-paiement récurrent des cotisations sociales des agriculteurs… – font l’objet de sempiternelles exceptions, rediscutées régulièrement à chaque loi de finances et à chaque censure du Conseil constitutionnel.

Le lobby corse à l’Assemblée est l’un des plus puissants. De nombreux députés, pas forcément élus dans les circonscriptions de Corse, ont des origines ou des attaches en Corse. François Pupponi, à gauche, et Xavier Bertrand, à droite, en font par exemple partie.

 

Un peu avant de monter dans l’avion du retour, je reçois un mail de mon cabinet reproduisant deux articles de presse. L’un d’eux, extrait du Parisien, titre : « À VivaTech, Macron commande les premières SeaBubbles pour ses douaniers5 » !

J’imagine la joie des douaniers… Macron commande les jouets qu’Eckert n’a pas voulu nous acheter ! Je n’ai pas de budget, pas entendu parler d’appel d’offres, encore moins signé de commande pour des véhicules qu’on m’a présentés comme n’étant qu’au stade de prototype… Et puis « ses douaniers »…

Je passe des heures à améliorer nos relations avec eux, peine à restructurer leur réseau, gère les liens police-justice-douane, travaille sur la fluidité des opérations de dédouanement dans les ports et les aéroports, l’autoliquidation de la TVA sur les échanges internationaux… Et mon collègue décide seul, sans même m’en parler, de dépenser quelques dizaines de millions pour des véhicules encore en gestation sur un budget qui n’est pas le sien ! Et, évidemment – c’est le but de la manœuvre –, il s’empresse de le clamer devant la presse !

 

Je manque de m’étouffer, et envoie sur-le-champ un SMS à Emmanuel Macron, devenu l’espace d’un salon le « père Noël de la brigade fluviale », pour lui demander des explications. « De quel droit as-tu commandé des SeaBubbles pour la douane ? Sur quel budget ? Merci de ta réponse. » Sa riposte est aussi rapide que vague : « J’ai rien commandé, la presse exagère, ceci dit le chef d’entreprise attend un signe… Sinon il va se barrer ailleurs. »

 

Ceux qui me connaissent savent que mes colères sont rares. Elles sont d’autant plus violentes que ma rancune tenace. Le voyage Ajaccio-Paris ne me calme pas et, juste après l’atterrissage, je lance un tweet rageur :

« #Macron passe des commandes de SeaBubbles pour la douane. Il fait donc tout à la fois ce surhomme. Ministre de tous les étages de Bercy ? »

D’ordinaire, mes tweets sont vus entre 1 000 et 5 000 fois. Celui-ci atteint rapidement plus de 50 000 affichages. La presse s’en mêle et, depuis Ajaccio, le Premier ministre tente d’éteindre la polémique en disant du bien de ses deux ministres, veillant à un équilibre parfait.

Mais, derrière cette fâcherie qui peut paraître exagérée et anecdotique, s’exprime un clivage plus profond. Sur bien des sujets, Emmanuel Macron n’a eu de cesse de ringardiser ses collègues et d’enfourcher systématiquement – et sans argument de fond – le cheval de l’innovation : un Eckert dépassé, économe pour ne pas dire pingre qui s’oppose à un Macron moderne, audacieux et investisseur. Voilà pourquoi ce qui aurait dû être un épiphénomène a été scénarisé par le futur Marcheur.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les déplacements du ministre de l’Économie à Las Vegas pour la French Tech Night ont été réalisés selon un budget unlimited, accordé avec la bénédiction de sa future ministre du Travail, Muriel Pénicaud6, qui reste soupçonnée d’un possible délit de favoritisme. C’est assurément plus smart de se montrer à Las Vegas au milieu des projecteurs que de gérer les difficultés d’une fonderie d’aluminium des environs de Longwy qui emploie – encore – trois cents ouvriers. Mon ancrage territorial est en Lorraine, pas dans le désert du Nevada.

 

Aux dernières nouvelles, les SeaBubbles, ces taxis volants électriques, navigueront bientôt sur la Seine. Uniquement pour un galop d’essai. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a indiqué fin novembre 2017 que, après avoir levé les contraintes réglementaires, les premières SeaBubbles pourront être expérimentées en 2018. Le Suédois Anders Bringdal, cofondateur de ces merveilles, s’en est félicité. Tant mieux. Nos successeurs à l’Économie, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, pourront alors juger ensemble de la pertinence d’un projet propre à Bercy, en assurer le financement et communiquer sur du concret, pas sur du vent.

En fait, en Août 2021, l'épopée des Seabubbles  connait une nouvelle étape. Le Canard Enchainé" relate des faits étranges, parle d'abus de biens sociaux et décompte l'argent englouti dans cette drôle d'affaire. Heureusement, j'ai à priori évité que l'argent destiné à la douane y disparaisse, malgré le drôle de jeu de mon collègue de l'époque soucieux de son image plus que des intérêts de l'Etat. Ces Seabubbles deviendraient-ils un remake du Vaisseau Fantôme ?

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La Lorraine pourra avoir son écotaxe... Une solution qui pourrait aussi créer des problèmes !

16 Juillet 2021 , Rédigé par Christian Eckert

L’écotaxe est un sujet délicat, sur lequel on pourrait me suggérer la discrétion : le recul du Gouvernement auquel j’appartenais est resté tristement célèbre depuis 2014. Ce post pourrait y revenir, mais le sujet n’est pas tant de refaire l’histoire que d’éviter de répéter les erreurs du passé.

Le Parlement avait décidé dans un premier temps, d’autoriser la Communauté Européenne d’Alsace (C.E.A.) à instaurer une taxe pour les poids lourds utilisant certains axes du réseau routier alsacien. C’est le Gouvernement qui en fixera les modalités par ordonnance.

L’idée semble intéressante et répond à plusieurs objectifs : faire payer aux véhicules l’usure des infrastructures qu’ils utilisent, inciter à des transports moins polluants et éviter que les camions souvent étrangers ne saturent le réseau « Nord-Sud » en Alsace.

Cette belle idée a deux inconvénients majeurs qu’il conviendra de prendre en compte pour éviter les désillusions :

  • Le premier vient d’un principe essentiel de l’Union Européenne : il est contraire aux règles d’assujettir à une taxe en France les véhicules des pays de l’Union alors que les véhicules français en seraient dispensés. On nous cite le cas de l’Allemagne. Une astuce avait été trouvée, en rendant la taxe des allemands déductible d’autres contributions payées en Allemagne. Un jugement de juin 2019 de la Cour de Justice de l’Union Européenne a clairement rappelé la non-conformité de ce montage. En conséquence, une écotaxe en Alsace devra être acquittée aussi par les véhicules français. Bien sûr, cela frappera en premier les transporteurs… alsaciens ! Cette analyse est sûrement connue des élus les plus pointus : dans la presse lorraine de ce jeudi, Jean Rottner rappelle son souhait que l’écotaxe « ne touche pas à l’économie locale ». Pour cela, il veut « prendre le temps » et confesse : « nous devrons trouver une astuce ». On a connu des positions plus claires et plus enthousiastes.
  • Le second consiste à faire un constat géographique très simple : faire payer l’utilisation du réseau alsacien encouragera les flux à se déporter sur d’autres itinéraires pour l’éviter. La Lorraine avec l’A31 a donc vu venir le danger. Beaucoup ont donc alors réclamé que l’écotaxe soit étendue à la Lorraine. Les transporteurs lorrains seront alors traités comme leurs collègues alsaciens pour rentrer chez eux et passeront à la caisse. Et l’affaire risque de faire tache d’huile, de proche en proche… L’A30 et ses riverains se réveillent. Reims-Troyes-Dijon risque de devenir attractif pour certains… On ne sait où cela s’arrêtera.

On pourrait penser que je suis défavorable à l’écotaxe. C’est tout le contraire. Les transports par la route et les émissions qu’ils engendrent, justifient des contributions plus importantes, pour inciter à des transports plus propres et dégager des financements pour innover et investir dans d’autres dispositifs. Mais pourquoi sur un seul axe ? Pourquoi pour les seuls transporteurs étrangers ?

J’ai toujours pensé (et l’échec retentissant de 2016 en est une illustration) que l’écotaxe doit être appliquée sur un large périmètre. Et pour moi, ce périmètre doit être européen. Une écotaxe européenne payée par tous et partout ne faussera pas la concurrence entre les pays. Elle évitera de reporter des trafics d’un secteur encombré à un autre déjà saturé. Elle dégagera des financements pour transporter plus proprement.

Certes, l'écotaxe en Grand-Est qui se profile dans un second temps est préférable à une écotaxe alsacienne. Mais il faut en mesurer les impacts pour les acteurs de chez nous et… les consommateurs. De plus, confier ses modalités à des ordonnances du Gouvernement, c’est aussi éloigner la décision du terrain. Un pari risqué.

En Lorraine comme en Alsace, ce sont essentiellement les flux internationaux « Nord Sud » qui engorgent nos autoroutes. C’est donc un sujet de dimension européenne. Il ne trouvera une bonne solution que s’il est traité au niveau de l’Union Européenne.

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S'engager pour les foyers modestes en baissant la TVA sur l'énergie...

15 Juillet 2021 , Rédigé par Christian Eckert

Le tarif réglementé de l’électricité devrait augmenter le 1° aout de 0.48%. Une augmentation de 1.6% avait déjà eu lieu en février. Pire encore, il se dit que la hausse du 1°février prochain pourrait atteindre 5 à 6%. L’emballement du marché de gros de l’électricité en serait la cause. Soit… Qui peut le vérifier…

Tous les foyers subissent ces augmentations. Pour les plus modestes, l’impact sur le budget familial est très important et peut déstabiliser des équilibres déjà impossibles !

L’énergie devait augmenter pour plusieurs raisons : inciter à l’économiser, financer le verdissement de sa production, permettre l’application d’un tarif social… Mais on oublie que la TVA sur la consommation est de 20%... Toute augmentation du prix fait augmenter « en même temps » et dans les mêmes proportions les recettes de l’Etat… Pour garder un bon équilibre, laisser le prix de l’énergie dégager de quoi préparer les mutations nécessaires en préservant les dépenses courantes des ménages, la solution est évidemment de passer la TVA de 20% à 10%.

Il est dit que le Gouvernement travaillerait à une baisse de la taxe qu’il reverse à EDF pour financer les énergies vertes, la desserte des territoires à l’écart ou le tarif social (la CSPE). C’est tout le contraire de ce qu’il faut faire ! Le produit de cette taxe suffit déjà à peine à ces objectifs utiles voire incontournables.

Un projet de Gauche pour la présidentielle doit impérativement comporter l’engagement de diminuer la TVA sur l’énergie, dépense obligatoire de tous les foyers. Laisser le prix hors TVA financer les investissements pour développer le renouvelable pourra alors se faire sans augmentation pour les foyers.

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"Il faut réformer les retraites" : un slogan creux qu'il faut dépasser !

6 Juillet 2021 , Rédigé par Christian Eckert

Le Président se remet à son discours préféré : « Moi, je réforme !».

Ce discours ne résiste en fait à aucune analyse sérieuse et empêche toute réflexion. Si la nécessité de réformer peut donner lieu à débat, quand bien même elle ferait l’objet d’un consensus, toute réforme ne trouve sa justification qu’au-delà du seul fait de son existence.

Il y a toujours plusieurs réformes possibles. Des bonnes et des mauvaises. Certaines favorisent des intérêts particuliers, d’autres l’intérêt général. Certaines favorisent des minorités, d’autres servent à la majorité.

L’important n’est pas de réformer. L’essentiel est de faire une bonne réforme, qui serve dans la justice la majorité de nos concitoyens !

Si la majorité des français n’ont plus confiance en la « réforme », c’est à la lumière de celles qui ont marqué le quinquennat du Président actuel : la fiscalité prétendument facteur de ruissellement, le droit du travail censé déclencher les embauches, l’indemnisation du chômage engendrant la baisse des indemnités… Sans parler des retraites sauvées in extremis par la crise sanitaire et la résistance populaire.

Justement : on nous dit que la réforme des retraites pourrait redevenir d’actualité. Est-elle urgente au point de ne pouvoir attendre un travail de fond, sans tabou, sans certitude préétablie ? A l’évidence non. Les centaines de Milliards partis pour effacer la crise sanitaire et ses conséquences ont certes rendu les équilibres plus difficiles. Sans trop rentrer dans la technique, les marges qui existaient avec les ressources de la CADES ou le fonds de réserve des retraites se sont envolées avec la COVID. Des évolutions sur les retraites seront donc à mettre en oeuvre. Mais les délais à prévoir ne se comptent ni en semaines ni en mois et supportent le temps d’un vrai travail incluant au moins deux sujets que le précédent projet avait ignorés :

  • La pénibilité : pointer comme seul sujet l’allongement de l’espérance de vie de tous ne saurait faire oublier qu’un cadre vit en moyenne six ans de plus qu’un ouvrier. Quelles que soient les oppositions du MEDEF sur le sujet, la pénibilité doit être prise en compte dans l’évaluation des droits à cesser son activité, aussi bien sur l’âge que sur le niveau de la pension versée.
  • Le déplafonnement des cotisations : on ignore souvent que les cotisations sociales se réduisent en fait plus le salaire est élevé. Il faut évidemment revoir les niveaux de cotisations sur l’ensemble du spectre salarial pour que les revenus élevés cotisent au même niveau que les bas salaires. Les écarts de salaires nets aujourd’hui trop importants pourraient d'ailleurs en être réduits et les recettes sociales ainsi confortées.

Les candidats aux élections présidentielles devront être clairs sur leurs choix : sauter comme un cabri en répétant « je vais réformer les retraites » ne constitue pas un projet : allonger la durée de cotisations, retarder l’âge de départ, prendre en compte la pénibilité, déplafonner les cotisations, mettre en place un système par points, uniformiser les droits à réversion, indexer les pensions sur les salaires ou sur l’inflation…

Autant de sujets qui doivent être tranchés, évalués, retenus ou écartés et mis dans un projet de réforme avant de prétendre à une validation par le vote.

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Enrayer l'abstention, un travail de fond...

22 Juin 2021 , Rédigé par Christian Eckert

L'énorme taux d’abstention constaté au premier tour des élections départementales et régionales interpelle. Il doit nous faire réfléchir et plus encore agir. Ceux qui pensent qu’autoriser le vote par correspondance ou instaurer le vote électronique suffira à régler le problème commettent une grave erreur. C’est comme ceux qui cassent le thermomètre en espérant faire ainsi baisser la fièvre !

Ce taux d’abstention est en fait le signe indiscutable d’un malaise bien plus profond : la distance, le fossé pour ne pas dire l’abîme entre les citoyens et les élus, quand ce n’est pas entre le peuple et les élites …

Osons plusieurs explications :

  1. Les élus seraient « tous pourris », corrompus et profiteraient de leurs situations pour eux-mêmes ou leurs proches. Je pourrais remplir un livre pour citer exemples et contrexemples, faire de multiples comparaisons, calculer des ratios… Ce serait vain… Ce qui est sûr, c’est que, à tort ou à raison, ce sentiment existe très majoritairement chez les gens. Il faut donc prendre quelques mesures simples et fortes. J’en avance 3, même si d’autres peuvent y concourir :
  • Rendre inéligibles les personnes n’ayant pas un casier judiciaire vierge.
  • Plafonner le cumul des indemnités de chaque élu au montant de l’indemnité parlementaire.
  • Raccourcir la durée des procédures judiciaires visant des élus à une durée qui évite de faire croire à leur impunité.
  1. Les élus auraient tous échoué, quel que soit leur bord politique, et seraient pour le moins des incapables ou au pire, des traitres à leurs propres engagements. Là aussi, on pourrait argumenter et en discuter des heures avec peu de chance de convaincre ce jugement fortement ancré dans l’opinion. Là encore, risquons trois suggestions souvent faciles à énoncer mais pas toujours aisées à mettre en œuvre :
  • Il faut faire de la pédagogie, développer les contacts entre les élus et les citoyens, par des réunions de quartiers, des comptes-rendus de mandat quitte à les rendre obligatoires et périodiques. Elles pourraient permettre d’expliquer les « changements de pied » ou les impossibilités à faire, souvent découlant de facteurs externes.
  • On doit simplifier le mille-feuilles territorial, par un mouvement de décentralisation audacieux qui rapproche la décision des citoyens-électeurs-usagers-contribuables.
  • Les conventions citoyennes ne doivent pas remplacer les assemblées délibérantes, quitte à ouvrir régulièrement ces dernières à des sessions élargies qui acceptent l’écoute réciproque mais laissent aux élus la décision et la responsabilité.
  1. Le Parlement serait peu représentatif et son pouvoir trop limité. Alors pourquoi choisir des députés dont on ne voit pas le travail et que l’on trouve inutiles. Ayant fréquenté l’Assemblée Nationale tantôt comme député, tantôt comme membre du Gouvernement, je confesse ici partager à regret cette analyse, même si j’ai beaucoup apprécié la richesse intellectuelle de cette assemblée. Par symétrie, trois idées non exhaustives pour améliorer les choses :
  • Il faut fluidifier le travail législatif et, même si je sais l’idée peu partagée, supprimer le Sénat qui n’influe en fait que très peu dans l’élaboration des lois et dont les travaux font perdre un temps fou à la décision et nuisent à sa clarté.
  • Sans rentrer dans le détail des procédures ici, les pouvoirs du Parlement doivent lui permettre de fixer lui-même son ordre du jour, de mettre fin aux injonctions gouvernementales et lui donner un vrai pouvoir d’initiative législatif.
  • Le scrutin proportionnel pourrait sans doute obliger à plus de raison et susciter plus de constructions communes et partagées, dans le sens de l’intérêt général trop souvent oublié.

Bien d’autres sujets pourraient ici être mis en réflexion comme le quinquennat, les compétences multiples de chaque assemblée locales, l'obtention à 16 ans du droit de vote, la limitation du nombre de mandats consécutifs, le vote obligatoire et même l’existence d’un Premier Ministre…

Toujours est-il que le soupçon et la défiance du pays envers ses élus commande de se ressaisir. Comment croire que la démocratie n’est pas le seul moyen de donner au peuple le formidable pouvoir d’organiser lui même sa vie collective ?

Le dégagisme ambiant trouve des explications, mais j’ai beaucoup aimé la métaphore suivante que je livre à notre réflexion :

« Les fourmis, par haine pour le cafard, votèrent pour l'insecticide : ils moururent tous! Même le grillon qui s'était abstenu… »

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Le temps (judiciaire) dure longtemps...

12 Juin 2021 , Rédigé par Christian Eckert

La complexité des sujets politiques et sociétaux n’est guère compatible avec les modes de communications actuels : le format court, qu’il soit écrit, audio ou vidéo, en est devenu le standard. Sauf à utiliser la langue de bois (qui n’a de langue que le nom), une expression brève devient vite réductrice, provocante et caricaturale. Il me revient qu’un de mes échanges, enregistré avec Elise Lucet pendant plus de deux heures, a donné lieu à la seule diffusion d’une dizaine de secondes dont la forme et le fond étaient à l’opposé de mes positions…

 

Tout ça pour dire que mon propos de jour ne doit évidemment pas être lu comme achevé et soldant le sujet abordé, celui de la justice. D’autant plus que je n’y revendique aucune compétence ou expérience fortes.

 

L’envie de m’exprimer est sans doute liée aux actualités, que ce soient la fameuse manifestation où la police a instruit le procès de la justice, ou plus récemment la gifle au Président dont l’auteur a été condamné en un temps record.

 

La question des effectifs, des locaux et des crédits est évidemment centrale. L’ancien Secrétaire d’Etat au Budget pourrait la développer et aurait peine à se justifier, même si l’Ecole, l’Armée, la Culture, la Police, l’Ecologie, le Logement, la Recherche, l’Hôpital, les Transports, les Douanes… pourraient aussi donner lieu aux mêmes controverses sur les moyens.

 

Mais au-delà, la gestion du temps judiciaire est pour moi un sujet en soi : comment expliquer les délais stratosphériques pour traiter des affaires dont l’issue subordonne à la fois l’avenir des personnes mises en causes et le regard du peuple sur les pratiques incriminées.

 

Une altercation datant de décembre 2017 entre Boris Faure et un député ayant donné lieu à des graves blessures n’a toujours pas été jugée. La gifle au Président, qu’il a lui-même relativisée, aura mis 3 000 fois moins de temps à être sanctionnée. Dois-je raconter les affaires Tapie ou Balkany ? Comment comprendre que les affaires d’emplois détournés du MODEM ou du FN restent « la patte en l’air » pendant que nombre des personnes en cause plastronnent, qui Haut-Commissaire, qui Sous-Gouverneur à la Banque de France, qui en belle position sur les listes aux Régionales. Comment parler sereinement à nos concitoyens de vie politique assainie lorsqu’un candidat, son parti et une kyrielle de leurs amis dépensent à l’insu de leur plein gré le double du plafond légal d’une campagne électorale (de 2012) dont le (probable premier) procès se déroule 9 ans plus tard...

 

Je n’ignore pas la nécessité impérieuse d’instructions soignées. Je connais et approuve le droit à l’appel. Je sais qu’une justice expéditive est extrêmement dangereuse. Mais reconnaissons que les moyens de retarder sans causes réelles l’avancée des procédures sont utilisés exagérément. Les protections indispensables à tout justiciable pour des questions de liberté individuelle sont trop souvent devenues des motifs pour fragiliser l’intérêt public.

 

Je sais qu’on est là sur une ligne de crête, entre deux risques graves qui peuvent entrer en conflit. Mais si le Garde des Sceaux et le Parlement pouvaient améliorer, fluidifier et raccourcir les procédures pour éviter ces pratiques choquantes, ce serait déjà un pas vers la réconciliation du pays avec l’institution judiciaire aujourd’hui en difficulté.

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Diaboliser le RN n'est pas le combattre...

11 Juin 2021 , Rédigé par Christian Eckert

Maire 27 ans, Conseiller Régional 12 ans, Député 7 ans, Secrétaire d’Etat 4 ans et ayant exercé quelques autres responsabilités dans différentes structures intercommunales, je n’ai aujourd’hui plus aucune fonction élective. Les élections législatives de 2017 ont brutalement mis fin à ce parcours linéaire qui m’a tellement appris.

 

Je pense toujours que la vie politique est importante, que l’Homme est avant tout un être social et que la société où il évolue doit être structurée par des choix collectifs et démocratiques. De formation scientifique, je crois aux vertus du progrès, sait qu’il peut aussi générer des dangers et continue à transmettre avec humilité les connaissances et les expériences que j’ai eu la chance acquérir.

 

A passé 65 ans, je m’efforce de ne pas tomber dans le travers fréquent des « ex… » : celui qui consiste à systématiquement regretter le « bon vieux temps », à considérer que tout était mieux avant, qu’après eux tout va et ira de mal en pis, que les jeunes d’aujourd’hui sont nuls et réduisent à néant tout ce qu’eux-mêmes ont eu tant de mal à merveilleusement bâtir !

 

Pour cela, je dois me focaliser sur les éléments positifs et il y en a : le Monde, malgré quelques polémiques finalement secondaires, semble en passe de juguler une pandémie d’une gravité inédite depuis longtemps. Avec encore trop d’exceptions locales, nous pourrions connaître un siècle sans conflit mondial. Les terriens, sans doute tardivement et encore trop modestement, prennent en compte les risques environnementaux qui menacent leur planète aux ressources limitées. Autant de progrès essentiels – on pourrait même dire vitaux - dont nous devons nous réjouir, tous pays confondus et toutes générations mélangées, avec l’ambition de les poursuivre et les amplifier.

 

Et pourtant…

 

Il faut aussi dénoncer l’appauvrissement de notre vie publique, politique voire intellectuelle. Je me garderai bien d’en désigner les plus responsables : on cite fréquemment les élus, les hauts fonctionnaires, les réseaux sociaux, les journalistes et les médias. Mais après tout, notre « performance » collective n’est que la somme de nos actes individuels, chacun en ses grades et qualités.

 

Les signes d’une dérive sont malheureusement nombreux : les phrases débridées, violentes et provocatrices des gouvernants à tous les niveaux, les hauts lieux de la République transformés en studio d’enregistrement de concours d’anecdotes, les difficultés d’une justice que certains voudraient résoudre en supprimant son indépendance et plus récemment la gifle reçue par un Président qui annonce bizarrement une nouvelle fois vouloir prendre le pouls des français…

 

La progression du Rassemblement National en est bien sûr le symbole. Ayant à peu près réussi à se « dédiaboliser », celui-ci est aussi parvenu à incarner le refus des pouvoirs en place. Plus grave, les digues se fissurent et nombre d’élus de droite sautent ou s’apprêtent à sauter le pas. Beaucoup d’acteurs publics – y compris à Gauche – utilisent de plus en plus la même outrance verbale que les frontistes.

 

Il est crétin d’affirmer qu’un succès du RN serait « une marque satanique ». Dans l’histoire, on qualifiait souvent de satanique ce que l’on n’arrivait pas à expliquer et qu’il fallait éliminer sans réfléchir. Le propre de l’homme est pourtant sa capacité à réfléchir. Retrouver la dignité des propos, rassembler les communautés humaines sur des projets communs plutôt que de les opposer, oser débattre des idées plutôt que de les promouvoir par la communication, respecter les choix démocratiques et remettre l’éthique au cœur de la vie publique.

 

Notre pays et le Monde ont d’innombrables choix à faire : le partage des richesses produites, l’avenir de la protection sociale en particulier de la santé, le vieillissement de la population et la prise en compte de la dépendance, le renouvellement des sources d’énergie, les difficultés de peuples à se nourrir et à vivre chez eux, la fréquence des échanges mondiaux et le nomadisme industriel, la violence et l’intolérance des pratiques religieuses…

 

Parlons de cela, disputons-nous, confrontons nos idées… Et oublions d’invoquer SATAN. C’est quand même très léger pour combattre un parti porteur des valeurs les plus sombres de notre histoire.

 

Faute de quoi, la gifle que minimise le Président pourrait se transformer en une grosse claque électorale.

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Le G7 marque un essai qui doit être transformé...

6 Juin 2021 , Rédigé par Christian Eckert

 L’accord signé à l’issue du dernier G7 est incontestablement un pas essentiel pour mettre fin à l’évitement fiscal pratiqué par de nombreuses entreprises, particulièrement les multinationales et les sociétés de la filière numérique.
Sur le plan politique, j’ai souvent regretté notre incapacité à mettre fin à ces aberrations souvent constatées mais rarement corrigées. Secrétaire d’Etat durant 3 ans, je n’ai guère fait avancer les choses. Agir sur les sujets d’optimisation et de fraude fiscales ne peut se faire qu’avec les pays concernés. Pour le moins, il aurait fallu une décision entre les pays de l’Union Européenne. Régulièrement, les membres de la Commission (dont un français aujourd’hui revenu officier à la Cour des Comptes...) nous disaient travailler le sujet et annonçaient des directives « imminentes » qui allaient faire avancer les choses. Rien n’est venu. L’unanimité indispensable aux décisions fiscales en Europe en est sans doute la cause principale. Mais l’énergie mise en oeuvre ne m’a pas toujours semblé à la hauteur de l’énorme enjeu de ce sujet : énorme eu égard aux montants concernés, énorme aussi pour la crédibilité de l’Union vis à vis de ses citoyens-contribuables. Lors des dernières élections européennes, j’avais d’ailleurs fait des propositions sur ce même blog (on peut les relire ici). J’avais proposé en vain que le principe d’un impôt minimal sur les sociétés en Europe soit mis comme première proposition de la liste européenne de mes amis de Gauche. Beaucoup revendiquent aujourd’hui la paternité de l’accord du G7, mais il me parait évident que le déblocage est surtout dû au nouveau président américain Joe Biden. L’essentiel reste qu’un grand pas a été franchi et qu’il faut le saluer.


Pour autant, aussi importante que soit cette étape, cette résolution dont la presse la presse dit avec raison que « chaque mot a été pesé au trébuchet » perdra beaucoup d’efficacité si d’autres décisions n’interviennent pas dans la foulée :

  • L’impulsion donnée au G7 doit impérativement être validée par d’autres instances: D’abord dans un périmètre mondial plus large en commençant par le G20 où la position de la Chine sera déterminante. Mais aussi dans le périmètre plus restreint de l’Union Européenne. Certes les représentants européens au G7 ont été en phase. Mais le passé a montré la capacité de quelques pays de l’Union à freiner voire à bloquer les avancées vers l’équité et la justice fiscale dont les entorses président à leur croissance.
  • Le niveau de 15% retenu comme plancher est évidemment insuffisant. Joe Biden avait lui-même parlé de niveaux plus élevés. Son recul est attribué à sa nécessité d’obtenir l’adhésion de son Congrès. La France dit attendre un plancher plus élevé. L’avenir réservera sans doute des tergiversations sur ce point et il faut espérer que l’audace soit au rendez-vous.
  • Le dispositif préconisé est largement préférable au statut-quo mais il n’est pas le meilleur : Calculer le bénéfice global d’une multinationale en le consolidant et le répartir ensuite proportionnellement au chiffre d’affaire réalisé par chaque pays aurait donné des assiettes bien plus cohérentes. Les flux sans causes réelles entre filiales et les facturations fantaisistes destinées à localiser les bénéfices à souhait seront toujours possibles. Cela risque de déplacer des bases taxables et fausser la bonne répartition des impôts.
  • Enfin la pratique de rulings couplés à des mouvements soigneusement calibrés permettra encore de déplacer, certes moins qu’avant, des Milliards d’impôts sans raison. Ces détestables méthodes utilisées y compris par des pays de l’Union Européenne doivent cesser pour toutes les entreprises. L’accord du G7 ne visent que les grosses entreprises. Mais il existe aussi, particulièrement près des frontières, des pratiques qui heurtent la conscience de celles et ceux qui respectent leurs obligations.
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A la gauche et ses alliés du Grand Est...

7 Mai 2021 , Rédigé par Christian Eckert

Au lieu de vous déchirer pour figurer sur une liste sans vos idées, battez-vous pour une liste qui porte vos idées sans y figurer !

 

Mon départ du Parti Socialiste fait suite à des réflexions personnelles qu’il est inutile d’exprimer en détail ici.

Mais il est aussi lié à la préparation des élections de juin :

Mon nom avait été évoqué à l’automne dernier pour conduire la liste Régionale au titre du Parti Socialiste. Les socialistes mosellans en avaient clairement exprimé le souhait auprès de moi. A 65 ans et après un long parcours, j’hésitais fortement.

Après la réunion des premiers fédéraux socialistes d’octobre où cette option a pu être évoquée, il m’a été rapporté que cette idée n’avait pour le moins pas retenu l’attention. Puisqu’à l’évidence je ne rassemblais pas et que mon envie de me battre en interne pour ça n’était pas suffisante, je faisais alors connaître clairement mon désintérêt pour la chose. Je peux aussi comprendre que ma participation aux Gouvernements de François Hollande ne collait guère à l’image de la reconstruction du PS en cours. C’est injuste pour de multiples raisons, surtout quand on sait combien mon esprit de solidarité m’a conduit souvent à me taire. C’est néanmoins une réalité pour les électeurs. Encore aurait-on pu m’en parler et prendre parfois un peu plus mon avis.

Pour en plus tenir compte de notre effacement dès le premier tour des départementales face à nos « amis » de la gauche radicale dans une grande partie du Pays-Haut Meurthe et mosellan, j’insistais sur le besoin d’une place éligible aux Régionales pour ce secteur. Daniel Matergia faisait consensus pour cela.

Depuis, nationalement, régionalement, localement, les évènements se sont enchainés – ou pas - et appartiennent au passé que la petite histoire analysera un jour.

Il faut faire l’union. Pour avoir des élus, pas forcément pour gagner en 2021. Soit.

Je me suis effacé parce que j’ai eu le sentiment de ne pas rassembler. Que d’autres y réfléchissent ! Je ne supportais pas (les mosellans non plus) qu’Aurélie Filippetti soit tête de liste départementale chez nous. Elle a de même fait part de son opposition à certaines candidatures socialistes. Chacun a ses raisons.

Alors chiche ! Rebattons les cartes, ensemble !

Puisque tous affirment ne pas militer pour obtenir un poste, qu’ils le prouvent. Faisons une liste commune sans les personnalités clivantes : au lieu de proposer à Aurélie Filippetti de conduire la liste 54 ou 57, proposons-lui de ne pas être candidate, et d’intégrer dans une liste commune celles et ceux qui l’ont rejointe. Faisons de même au PS avec Bertrand Masson et avec Pernelle Richardot. Les places ainsi libérées le seront pour des personnes jeunes, nouvelles, sans tenir compte des étiquettes stéréotypées.

Un engagement total de tout le monde derrière une liste de gauche et écologiste épurée des « notables » de tout bord, cela aurait de l’allure. Surtout si les « personnalités », souvent déjà en fonction, sont plus sur les tracts, les réseaux et le terrain que sur la liste ! Quand on voit la droite réunir sur ses listes tous les cumulards du Grand-Est, on se dit qu’on pourrait proposer une belle image de modernisation et d’aération de la vie politique !

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Le pays des lumières devient celui des lucioles...

7 Avril 2021 , Rédigé par Christian Eckert

La France a été le pays des lumières… Serait-elle devenue les pays des lucioles ?

Il y a quelques jours, les U.S.A., pays (ultra)libéral au point d’avoir élu Donald Trump à sa tête, nous faisait la leçon : Joe Biden élabore un (méga)plan d’investissement dont le financement est assuré par une hausse d’un tiers (excusez du peu) du taux de l’impôt sur les sociétés. Dans notre pays Emmanuel Macron a pour sa part préparé un plan de relance en y affichant fièrement (comme une dépense) 20 Milliards de... réduction d’impôts pour les entreprises… Cherchez l’erreur…

Mieux encore : La ministre américaine des Finances, Janet Yellen, propose une taxation minimale pour les entreprises à l'échelle mondiale, quel que soit leur pays d'implantation ! On se frotte les yeux alors même que les pays de l’Union Européenne s’écharpent depuis des années pour laisser le dumping être en son sein le moteur de l’optimisation fiscale des entreprises. Les plus libéraux ne sont peut-être pas ceux que l’on pense !

Au moment des dernières élections européennes (juin 2018), j’avais dans un post de blog (cliquez ici pour le relire) avancé trois idées pour relancer l’Union Européenne. La seconde consistait à « …ajouter une mesure forte en obligeant à un taux minimal de l’impôt sur les sociétés. Si la taxation des GAFA ne trouve pas de solution avec la proposition actuellement étudiée, un IS minimal (autour de 15%) apportera une partie de la réponse à condition de définir en plus la notion d’établissement stable… ». Cette proposition (comme les deux autres) a suscité l'indifférence générale, y compris dans mon propre camp... Ce dont je n’osais rêver, même à l’intérieur des seules frontières européennes, les États-Unis le proposent à l’échelle mondiale.

Le monde à l’envers… Pour cette fois, tant mieux !

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