Taxer le salaire ou le capital ? La réalité d'un projet de loi
Le Projet de loi de finances 2013 marque une grande avancée dans la justice fiscale et répond à un engagement majeur de François Hollande durant sa campagne : fiscaliser les revenus du capital autant que les salaires.
Comme toujours, les résistances au changement sont fortes et la légitimité sortie des urnes doit se doubler d'une forte volonté politique pour que les discours se trduisent en actes.
La campagne mensongère et habile de ceux qu'il est désormais convenu d'appeler les "pigeons" mérite d'être calmement et précisément démontée. Le procès en sorcellerie fait au Gouvernement est bâti sur quelques caricatures suceptibles d'émouvoir y compris les smicards, voire les chomeurs, mais plus fausses les unes que les autres : les plus values de la revente des parts d'entreprises seraient systématiquement taxées à plus de 60%, mettant ainsi à bas le capital de toute une vie d'entrepreneur, tuant l'esprit d'entreprendre, niant les risques personnels pris par les investisseurs... Du Zola version facebook...
Rappelons d'abord que pour atteindre ces taux qualifiés de confiscatoires, il faut dépasser les 150 000 Euros par part fiscale, ce qui équivaut pour un couple à 300 000 euros PAR AN, après abattement, soit environ 25 fois le salaire d'un smicard... Cela laisse un peu de marge, d'autant qu'en dessous des 150 000 Euros, l'imposition part de zéro pour n'être à 60% que pour ce qui dépasse les 150 000 Euros.
Rappelons aussi que la valorisation des parts dans une société, n'est pas seulement issue de l'idée du créateur, de ses qualités et de son investissement, mais aussi de celui de ses salariés, qui par leur travail contribuent pour une grande part à ce que la cession du capital se fasse avec des profits.
Rappelons enfin que le risque porte avant tout sur de l'argent. C'est certes important, mais quitte à faire dans Zola version moderne, n'oublions pas que des salariés laissent leur santé voire leur vie au travail, heureusement de moins en moins façon Zola au fond de la mine. Le risque financier est-il comparable à celui de la vie ?
Pour rester précis et factuel, décrivons point par point les mensonges véhiculés sur les prétendues intentions du Gouvernement : Il s'agit de supprimer les fameux taux forfaitaires et libératoires sur les plus-values, de les considérer comme un revenu, et de les imposer comme tels, selon le fameux barème progressif de plus en plus connu de tous les salariés normaux.
Les gens de Gauche n'étant pas plus bête que la moyenne, n'entretenant pas de haine particulière vis-à-vie des entrepreneurs de toute plume, bien conscients de leur rôle économique essentiel dans une économie en stagnation, ont prévu 5 dispositions pour éviter tout effet pervers et récessif :
- les dirigeants, actionnaires de leur entreprise, partant en retraite, cédant leurs parts à ce moment, sont EXONERES EN TOTALITE des plus-values réalisées.
- les dirigeants, actionnaires de "jeunes entreprises innovantes", cédant leurs parts, sont EXONERES EN TOTALITE de leurs plus-values.
- les dirigeants, actionnaires de leur entreprise, qui risquent lors d'une vente ponctuelle et massive de leurs parts, de se retrouver dans la tranche marginale la plus élevée sur une seule année, peuvent étaler leurs plus-values sur deux ou quatre années pour lisser et diminuer leur impôt.
- les dirigeants, actionnaires de leur entreprise, qui revendent leurs parts et qui en réinvestissent au moins 80% dans une autre société dans les trois années suivantes, sont EXONERES EN TOTALITE de l'impôt.
- les plus-values réalisés qui ne seraient pas exonérées, subissent un abattement allant jusqu'à 40%, suivant la durée de détention de leurs parts, ceci pour éviter des allers-retours peu opportuns et n'ayant que des buts d'optimisation fiscales.
Seule cette dernière disposition est à améliorer car elle reste trop étalée dans le temps.
La réalité est donc bien loin des propos véhiculés sur la toile et qui ont pu provoquer des interrogations au delà des seuls intéressés. Le travail du Parlement
aura à coeur de trancher sereinement et démocratiquement le débat.
PS : Je n'ai rien contre les commentaires, fussent-ils outranciers, ne les efface qu'exceptionnellement quand ils sont injurieux, les lis régulièrement, et considère - ce post en est la preuve - que la toile participe pleinement à compléter les échanges que je m'efforce d'avoir avec tout le monde, dans la limite de mon temps disponible.