Quel débat en 2012 ?
Depuis quelques semaines, le débat public ne traite plus que d'un seul sujet que l'on pourrait résumer en trois mots : Marchés, Dette, Austérité. Exit les débats
sur l'emploi, les libertés publiques, le droit à la santé, le droit de vote des étrangers, les sans-logements, la presse, les services publics...
La pensée redevient unique. A coup de formules creuses, que nul n'ose contester, on formate les esprits. Exemples pris au hasard :
- "Les dettes d'aujourd'hui sont les impôts de demain"
- "On ne peut faire payer à nos enfants les dépenses d'aujourd'hui"
- "Pour baisser les déficits, il faut baisser les dépenses publiques"
On pourrait disserter des heures sur chacune de ces affirmations. L'économie, la finance et la fiscalité, ne se résument pas en trois affirmations échangées au café du commerce :
- "S'il y a croissance, la dette ne peut-t-elle pas se rembouser sans nouvel impôt ?... "
- "Pourquoi les enfants ne supporteraient-ils pas une partie du prix des écoles qui les ont éduqués ou des infrastructures dont ils profitent ?..."
- "Pourquoi les hausses de recettes ne diminueraient ils pas autant les déficits que les baisses de dépenses ?..."
Les prochains jours permettront sans doute de débattre de tout cela et, je l'espère, d'autres sujets...
Mais si les pricipes se discutent, s'argumentent, se confrontent aux expériences, il n'en va pas de même des faits. Les faits sont et restent. Ainsi, il faut rappeler quelques constats simples
:
- La droite gouverne seule depuis dix ans, et Nicolas Sarkozy est Président depuis bientôt cinq ans.
- En 2002 (Gouvernement Jospin), la dette était d'environ 900 Milliards. Elle a doublé en dix ans, s'élevant aujourd'hui à près de 1800 Milliards.
- En 2001 (Gouvernement Jospin), les comptes sociaux étaient à l'équilibre. Aujourd'hui, ils perdent autour de 25 Milliards par ans.
- Les recettes fiscales sur les grosses entreprises, sur les gros patrimoines, sur les gros dividendes, sur les très grosses successions, ont été allégées de plus de 50 Milliards par an !
- Le monde de la finance a été successivement encensé, engraissé et protégé par la droite. En 2007, Madame Lagarde tenait à l'Assemblée des propos émus sur les marchés et leurs
vertus . Elle rêvait de faire de Paris la même place financière que Londres. Il suffit de relire ses discours !
C'est bien la droite, et particulièrement celle de Nicolas Sarkozy, qui porte la responsabilité de la situation française, voire européenne. Ce Président là, on ne sait plus s'il
est le serviteur ou la marionnette de ce monde financier qui prétend gouverner le monde.
Tout le combat de ces prochains mois sera de sortir de ce système de pensée unique où nous conduit la droite, le centre, une grande partie de la Presse, et malheureusement parfois quelques
socialistes... La rupture doit être la règle. Il ne peut s'agir d'utiliser ce système un peu autrement... Il faut le changer en réalisant :
- Une Banque Centrale Européenne qui rachète, mutualise et couvre les dettes des états, cela permettra de ne plus dépendre des "Marchés" qui se nourissent des dettes publiques quand ça les
arrange et s'en débarasse quand ça leur profite...
- Une Europe qui conditionne les importations à des règles minimales relatives aux droits des salariès et au respect de l'environnement. Des règles sociales minimales dans les pays de l'Union,
c'est cela "la concurrence libre et non faussée".
- Une réforme fiscale urgente et de grande ampleur, seul outil pour une répartition juste des efforts de chacun en proportion de ses facultés pour contribuer aux dépenses publiques dont l'effet
redistributif peut être amélioré.
- Des services publics modernes et mieux répartis au service des citoyens. Il faut stopper cette règle stupide du non-remplacement de la moitié des fonctionnaires partant en
retraite. Cela a fait perdre 150 000 postes de travail, conduit souvent à brader des services publics au secteur privé, détruit des écoles et des hopitaux et désertifié de nombreux
territoires.
Tout un programme, que le peuple souverain pourra choisir, par un vote qui donnera aux autorités démocratiques de notre Pays la légitimité d'affronter les "Marchés" aux ordres desquels le pouvoir
actuel cède un peu plus tous les jours.