Européens, triple A ou triple buses !
19 Juillet 2011 , Rédigé par Christian Eckert
La Crise de la dette est gérée de façon pitoyable par ce Gouvernement, comme par ceux des autres pays de l’Union Européenne.
Tout d’abord en terme de rythme : Les marchés financiers, les agences de notation, les salles de marché, réagissent dans des délais extrêmement courts. Des Milliards font le tour du monde en quelques fractions de seconde. Les Européens vont de réunions en réunions, depuis quelques mois !
Ensuite en terme de transparence : Ces jours-ci, les informations diffusées par les médias chiffrent les créances des banques françaises sur la dette grecque à quelques Milliards. Le 28 juin dernier, la Commission des finances recevait à huit clos, M. Ramon Fernandez, Directeur Général du Trésor. En réponse à une de mes questions, ce dernier chiffrait l’exposition des banques et assurances françaises à plusieurs dizaines de Milliards d’Euros. Le compte-rendu de cette réunion a été - c’est la règle pour éviter toute spéculation - expurgé de la réponse précise du Directeur. Sans trahir le secret des délibérations, j’affirme que les chiffres avancés sont environ dix fois plus élevés que ceux que j’ai vus au journal télévisé d’hier soir !
Enfin en terme de morale : Depuis deux ans, les dettes privées, portées par les banques, sont de fait transférées vers les Etats et supportées en partie par les contribuables. C’était déjà le cas lors de la crise des subprimes : Pour sauver les banques porteuses de créances pourries, les Etats ont renfloué les banques imprudentes. C’est à nouveau le cas face aux défaillances irlandaises et grecques : Pour que les banquiers et assureurs détenteurs de créances sur ces Etats défaillants ne fassent pas de pertes, les Etats européens mieux portant reprennent les dettes à leur compte ! Bref, les dettes privées sur les Etats en quasi faillites sont honorées et les dettes publiques des Etats moins fragiles se creusent !
Que peut-on faire ?
Avec mes collègues socialistes français, mais aussi avec nos collègues socialistes européens, nous formulons des propositions d’urgence et d’importance variables :
- Les produits dérivés mélangeant les créances dont on finit par ne plus pouvoir identifier les origines doivent être limités en sophistication. Leurs échanges doivent être organisés et régulés pour garder traçabilité et cotation raisonnée.
- Une taxe sur les transactions financières, modeste en pourcentage mais appliquée sur tous les échanges doit être instaurée. Outre son rendement, cette taxe aurait le mérite d’éviter les échanges « haute fréquence » dont l’intérêt en terme de création de valeur ajouté est nul !
- L’Europe doit pouvoir émettre des emprunts de type « Euro-bonds », à hauteur d’environ la moitié du PIB de ses Etats membres, permettant de garantir des taux raisonnables, et dont les produits serviraient au désendettement partiel des Etats membres.
Certaines de ces propositions ont été présentées à l’Assemblée Nationale : La droite et le Gouvernement les ont méprisées, préférant s’en remettre aux discours sans actes de Nicolas Sarkozy qui n’a la confiance ni des français, ni de ses collègues européens, ni des autres pays du monde.
La zone Euro ne pourra sans doute pas attendre 2012. En tout cas, les dégâts sont déjà majeurs et coûteront chers aux clients des banques et assurances, et aux contribuables de nos pays dits évolués.
Pourquoi ce blog ?
Longtemps élu local et régional socialiste en Lorraine, Député 7 ans avant d'être Secrétaire d'Etat au Budget et aux comptes publics de 2014 à 2017, il m'apparait utile de partager réflexions et analyses sur la vie publique.
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